L'OMC entrouvre sa porte à Téhéran

Candidate depuis 1996 à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'Iran a reçu hier le feu vert de ses 148 membres pour que démarrent des négociations d'adhésion. Une ouverture - qui va donner lieu dans un premier temps à la constitution d'un groupe de travail à Genève - obtenue après que Téhéran a essuyé 21 refus. Car jusqu'à présent, Washington, dont les relations diplomatiques avec Téhéran sont rompues depuis 1979, s'opposait catégoriquement à ces discussions.Après avoir soufflé le chaud et le froid sur la position qu'adopterait son représentant lors du conseil général de l'OMC d'hier, Washington a pris acte de l'accord passé mercredi par l'Iran avec la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne en vertu duquel Téhéran s'est engagé à suspendre ses activités nucléaires les plus sensibles au moins jusqu'à la fin juillet. Le feu vert américain est susceptible de calmer la grogne de certains pays membres de l'OMC qui déploraient que les portes de l'organisation restent fermées à l'Iran alors que des négociations d'adhésion ont été ouvertes en décembre dernier avec l'Irak et l'Afghanistan, sous l'impulsion de l'administration Bush.Bien que n'étant pas membre de l'OMC, Téhéran commerce déjà avec 168 pays. Selon les douanes iraniennes, les importations de la République islamique se sont élevées à 26,6 milliards de dollars en 2004 tandis que ses exportations se sont inscrites à 33,8 milliards. "La libéralisation progressive engagée en mars 2002 explique les taux de croissance des importations constatés au cours des deux dernières années, respectivement de 26,7 % et de 19,3 %", indique la mission économique de l'ambassade de France à Téhéran. Pour l'heure, les ventes d'hydrocarbures représentent plus de 80 % des recettes d'exportation du pays dont les échanges sont réalisés à 85 % avec les pays industrialisés de l'OCDE... Etats-Unis compris.Avec l'ouverture des négociations annoncées hier, Téhéran se trouve au début d'un long processus. Dans le cas de la Chine, la procédure a duré une quinzaine d'années. Mais l'ambassadeur d'Iran auprès des Nations unies, Mohamed Reza Alborzi, a indiqué hier que la République islamique s'était préparée à son adhésion depuis plusieurs années et que son intégration pourrait prendre "entre trois et quatre ans". Avec l'arrivée de l'Iran, la liste des pays du Maghreb et du Proche-Orient ayant rejoint l'OMC s'allongerait. Elle comprend pour l'instant Bahrein, l'Egypte, Israël, la Jordanie, Oman, le Qatar, la Tunisie et les Emirats arabes unis (EAU).E. C.Trente postulants aux chances inégalesA l'instar de l'Iran, vingt-neuf pays cherchent à intégrer l'OMC. Il s'agit pour l'essentiel de pays en développement (Bhoutan, Ethiopie, Laos...) ou de pays issus de l'ancien bloc de l'Est (Russie, Ukraine, Tadjikistan...). Si l'Union européenne a réitéré au début mai son soutien à la candidature russe, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a indiqué la semaine dernière que, compte tenu des retards de préparation accumulés par son pays, les discussions avec l'organisation "étaient sur le point d'échouer". L'Algérie, qui a formulé sa demande d'adhésion en juin 1987, est le pays à attendre depuis le plus longtemps son intégration.
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