Laurence Parisot a imprimé un nouveau style au Medef

Les patrons ont-ils eu raison de placer voici un an Laurence Parisot à la tête du Medef ? La réponse ne fait certes pas l'unanimité dans le monde des affaires. Mais les critiques qui avaient accompagné l'élection de cette première femme à la présidence suprême du patronat ne sont plus de mise aujourd'hui. Par son langage direct et ses méthodes inhabituelles dans le milieu feutré des grands patrons, la présidente du Medef en a surpris plus d'un. Comme Denis Gautier-Sauvagnac, président délégué général de la puissante fédération de l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), qui avait fait campagne contre son élection l'an passé et qui aujourd'hui ne tarit pas d'éloges." S'il est exact que l'UIMM n'a pas voté pour elle, c'est de l'histoire ancienne, confie à La Tribune ce membre influent du patronat. Il n'y a pas au Medef de majorité et d'opposition, il y a une présidente à laquelle l'UIMM apporte un concours permanent. " Les critiques qui filtrent ici ou là ? " Quand vous avez 45 personnes qui siègent au conseil exécutif du Medef, il peut y avoir des nuances. La nuance c'est la vie, comme l'entreprise c'est la vie ", poursuit le président de l'UIMM.Il reconnaît, et s'en félicite, que Laurence Parisot " a imprimé un nouveau style au Medef qui le met davantage en harmonie avec son époque ". Le camp des sceptiques fait aujourd'hui son autocritique. Car, depuis un an, la nouvelle présidente, marquée par son expérience passée à la tête de l'Ifop, a montré son aptitude à comprendre les mouvements de la société et à modifier le regard porté sur les entreprises. Quitte à heurter parfois le camp patronal. Quel meilleur exemple de son indépendance que ses réserves émises sur le contrat nouvelle embauche (CPE) en pleine crise sociale ? Tranchant avec les combats antérieurs du Medef qui dénonce depuis des années le manque de flexibilité des conditions d'embauche, Laurence Parisot n'a pas hésité à se démarquer de ses pairs pour mieux coller aux aspirations de l'opinion, renforçant du même coup l'isolement de Dominique de Villepin " lâché " par le patronat. Elle a surpris aussi par ses mots très durs pour dénoncer les pratiques d'Antoine Zacharias, l'ex-président de Vinci, " qui soulèvent le coeur " ou encore " les comportements outranciers " de certains dirigeants en matière de rémunération, en pleine affaire Forgeard (EADS).D'autres, qui préfèrent garder l'anonymat, s'interrogent toutefois : " Il est vrai qu'elle excelle en communication, mais assume-t-elle vraiment son rôle de défense et de représentation de l'institution patronale ? " Certains grands patrons attendent qu'elle s'engage plus frontalement dans la défense du libéralisme.Se rapprocher des PME. Plus pragmatique, Laurence Parisot préfère labourer le terrain des PME et des instances territoriales pour se rapprocher du tissu économique français. La présidente du Medef sait parfois retrouver les accents plus classiques du discours patronal. Par exemple, quand elle juge " très dangereuse " la hausse du Smic décidée par le Premier ministre, qu'elle combat l'élargissement de l'assiette des cotisations sociales à la valeur ajoutée préconisée par le chef de l'État ou qu'elle s'élève, comme hier, contre le nouveau congé de soutien familial " annoncé par le gouvernement sans aucune concertation préalable "...Dans le domaine de la négociation, le bilan Parisot est pour l'heure bien maigre. Faute d'avoir réussi à avancer dans ses négociations avec les syndicats, elle tente de renouer le dialogue en invitant les centrales syndicales à débattre à travers une nouvelle méthode, celle de la " délibération sociale ". Ses défenseurs rappellent que Seillière n'avait pas fait mieux la première année de son mandat...
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