Salaires des patrons : un nouveau code de place peu contraignant

Laurence Parisot avait avoué un " haut-le-coeur " en apprenant le montant faramineux de l'enrichissement accordé par son conseil d'administration à Antoine Zacharias, patron déchu de Vinci. Six mois après l'affaire, le Medef et l'Afep ont publié hier un nouveau codex sur la rémunération des dirigeants mandataires sociaux dans l'objectif non de traiter un " cas particulier ", mais de fixer de nouvelles règles du jeu pour l'ensemble des sociétés cotées et les non-cotées qui le voudraient.Le sujet a beaucoup agité le petit monde patronal, un vif débat opposant ceux qui étaient partisans d'ignorer le cas jugé déviant de Vinci - par ailleurs corrigé par son conseil sous la pression du nouveau patron, Xavier Huillard, et des médias -, et ceux qui jugeaient nécessaire d'apporter une réponse patronale à une question qui a choqué l'opinion publique. La proximité de l'élection présidentielle et la menace d'une intervention politique - le PS promet un encadrement de l'évolution et du mode de rémunération des dirigeants et Nicolas Sarkozy a dénoncé les " patrons voyous " et propose les stock-options pour tous - ont convaincu de la nécessité d'une pédagogie nouvelle.UNE LISIBILITE PLUS GRANDESur le fond, le nouveau code ne propose pas de bouleversements. Il vise à apporter plus de lisibilité sur la façon dont la rémunération des dirigeants est décidée, sujet complexe et souvent propice aux amalgames, alors que de nombreux paramètres, notamment fiscaux, entrent en considération. Le rapport réaffirme la responsabilité du conseil qui décide sur proposition du comité des rémunérations, ce dernier devant statuer en l'absence du dirigeant concerné et avec une majorité d'administrateurs indépendants. Reste à s'assurer que ces conditions sont réunies et là, le rapport est plus décevant, se contentant de renvoyer au rapport Bouton. Sur les stock-options, la principale avancée consiste à publier le coût comptable des options attribuées de façon individuelle. Cette transparence doit " mieux éclairer le débat entre ce qui est dû à la générosité du conseil et ce qui ressort de la performance de l'entreprise ", souligne Bertrand Collomb, patron de Lafarge et de l'Afep. Ceux qui attendaient une attitude plus contraignante en seront pour leurs frais. Certes, Laurence Parisot a souhaité que ces recommandations soient la nouvelle référence pour une gouvernance d'entreprise " exigeante, intelligente et exemplaire ". Certes, l'Autorité des marchés financiers est invitée à se saisir de ce code pour évaluer les pratiques des comités de rémunérations, la sanction des excès étant censée venir du marché.Mais l'exercice imposé a tourné à un effort louable de pédagogie que les auteurs du rapport résument ainsi : " La rémunération des dirigeants de l'entreprise doit être mesurée, équilibrée, équitable et renforcer la solidarité et la motivation à l'intérieur de l'entreprise ". Elle " doit tenir compte, dans la mesure du possible, des réactions des autres parties prenantes de l'entreprise, et de l'opinion en général ". " Elle doit enfin permettre d'attirer, de retenir et de motiver des dirigeants performants. " Au nom de l'attractivité, le Medef et l'Afep ont voulu rappeler hier, à quatre mois de la présidentielle, qu'il n'est pas interdit de s'enrichir en France.
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