Quatre syndicats sur cinq vont signer l'accord sur le marché du travail

Vers un petit chelem. Avec l'annonce hier par FO et la CFTC de leur signature de l'accord sur la modernisation du marché du travail, c'est un total de quatre adhésions syndicales qui est maintenant attendu. La CGC se prononcera aujourd'hui. Son président, Bernard Van Craeynest, a déjà laissé entendre que la réponse serait positive. La CFDT, elle, donnera sa réponse jeudi mais, là aussi, sa signature semble acquise. Seule, donc, la CGT dira " niet ". Patronat, syndicats et gouvernement auront chacun de quoi se réjouir de ce carton quasi plein.Ce résultat s'explique autant par le contenu de l'accord que pour des raisons plus politiques. Aucune organisation syndicale n'avait intérêt à laisser le gouvernement intervenir seul par la voie législative pour modifier les règles du jeu du marché du travail. Mieux valait " installer tout de suite des garde-fous ", indiquait l'un des négociateurs. En outre, s'agissant plus spécifiquement de FO, cela fait déjà un moment que cette confédération souhaitait sortir de son splendide isolement datant de l'ère Marc Blondel. Déjà, la centrale de Jean-Claude Mailly avait été à deux doigts de parapher la convention d'assurance chômage de janvier 2006. Cette fois, elle franchit le Rubicon. Certes, son négociateur Stéphane Lardy a obtenu gain de cause en obtenant la transférabilité à 100 % des droits acquis dans le cadre du droit individuel à la formation (DIF), son principal cheval de bataille.Mais FO avait surtout intérêt à donner des gages et à convaincre de sa volonté de s'impliquer dans la vie conventionnelle du pays, alors que se profile une réforme de la représentativité syndicale. D'ailleurs, dans son communiqué, Jean-Claude Mailly prend soin de mentionner le " réformisme militant " de son organisation. Il est vrai que le gouvernement songe à faire " sauter " la présomption irréfragable de représentativité accordée depuis 1966 à la CGT, CFDT, CFTC, CGC et FO. À l'avenir, une organisation, pour être considérée représentative au niveau national, devra représenter un pourcentage minimum de salariés lors des élections professionnelles. Or, FO - comme la CFTC d'ailleurs - a besoin que ce pourcentage ne soit pas trop élevé pour sauver sa place... De fait, le gouvernement pourrait tenir compte de l'attitude " positive " de FO.Côté patronat aussi, Laurence Parisot aura de quoi se réjouir. La présidente du Medef remporte une victoire, tant au sein de son organisation que face au gouvernement. En interne, elle peut démontrer que même quand l'UIMM (patronat de la métallurgie) n'est pas en première ligne dans les négociations, un accord est possible avec les syndicats. C'est un secret de Polichinelle que, après l'éviction de Denis Gautier-Sauvagnac de son poste de chef de file de la délégation patronale, plusieurs représentants de la métallurgie espéraient discrètement que Cathy Kopp, DRH du groupe Accor qui lui a succédé, raterait son arrivée sur le devant de la scène. L'UIMM était ainsi très réticente sur la transférabilité du DIF. Peine perdue, l'impétrante a été bien soutenue... Même si l'accord trouvé fait grincer quelques dents dans le camp patronal (Medef, CGPME, UPA) où certains trouvent trop nombreuses les concessions faites aux syndicats et auraient préféré que le gouvernement reprenne la main.UN SUCCES BIENVENU AU MEDEFLaurence Parisot, elle, pourra brandir ce succès bienvenu alors que les partenaires sociaux ont d'autres nombreux rendez-vous (représentativité, formation, professionnelle, assurance chômage, voire temps de travail). Commencer ce round sur un échec aurait fait désordre.Enfin, le gouvernement et le président de la République pourront mettre en avant leur respect de la démocratie sociale. Avec quatre signatures, Xavier Bertrand sera obligé de retranscrire tel quel l'accord dans un texte de loi. Et la quasi-unanimité syndicale va l'aider à freiner l'ardeur de parlementaires tentés de modifier le texte via des amendements.La fin du CNELe ministre du Travail, Xavier Bertrand, a estimé hier sur France 2 qu'en cas d'accord des syndicats sur la réforme du marché du travail, le contrat nouvelle embauche (CNE) sera " totalement derrière nous ". Le CNE, créé en août 2005, prévoit une période d'essai de deux ans, la rupture du contrat durant cette période n'ayant pas à être motivée. Une disposition recalée par l'Organisation internationale du travail, dont les partenaires sociaux ont pris acte. En cumul entre août 2005 et l'été 2007, il y a eu environ 900.000 embauches sous CNE, soit environ 3 % des embauches globales.
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