Le commerce des armes en toile de fond

L'élargissement de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord à la Pologne, la Hongrie et la République tchèque - voire aux pays plus controversés comme la Slovénie ou la Roumanie - coûterait, selon une estimation de Washington, de 150 à 200 milliards de francs sur dix ans. Selon l'Otan en revanche, l'extension aux cinq pays précités ne coûterait qu'une trentaine de milliards. Un responsable militaire hongrois estime ce coût, pour son pays, à 900 millions de francs par an pendant dix ans. Pour la Pologne, certains spécialistes de défense chiffrent ce montant à 500 millions annuels. Aux yeux des Etats-Unis, ces surcoûts seront largement compensés par les économies de ce renforcement de la paix. Certes, le coût d'une guerre se chiffre en dizaines, voire en centaines de milliards, bien au-delà des dépenses qui auraient pu être engagées pour l'éviter. Mais, en fait, l'arrière-pensée américaine est de monnayer l'ouverture de l'Otan en poussant Hongrois, Polonais ou Tchèques à acheter des hélicoptères, des missiles et surtout des avions de combat américains F16 Lockheed-Martin ou F18 Boeing-McDonnell Douglas. Ce dernier propose ainsi à Prague de prendre une participation dans l'avionneur tchèque Aero Vodochody, en cours de privatisation. De même, l'hélicoptériste Bell, qui veut vendre son appareil de combat Cobra à la Hongrie, a pris 70 % du constructeur aéronautique national IAR Brasov, pourtant allié jusque-là au français Aerospatiale. Les F16 et F18 ont été présentés ces derniers mois aux trois impétrants. Certes, le français Dassault fait de même avec son Mirage 2000 et vient de signer un accord de coopération industrielle avec la Pologne. Quant au suédois Saab, allié à British Aerospace pour l'export de son avion de combat JAS 39 Gripen, il mise sur la Hongrie. Matra, du groupe français Lagardère, a bien réussi à vendre ses missiles sol-air Mistral à la Hongrie pour 600 millions de francs. Et le franco-allemand Euromissile (50-50 Aerospatiale-Dasa, Daimler-Benz Aerospace) dispute à un consortium américain mené par Boeing un contrat de 3 milliards de francs pour équiper en engins antichars l'hélicoptère de combat polonais Huzar. Mais les Américains tiennent la corde, appliquant la recette de tous les Occidentaux, Français en tête, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie : je vous protège, notamment via des accords de défense, mais vous achetez mes armements. Si vis pacem, para dollarum. O. P. (avec AFP)
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