Les déficits sociaux dérapent de plus de 20 milliards

Le gouvernement Jospin, qui prendra vendredi connaissance avec intérêt des mesures décidées en Allemagne pour ramener les déficits publics à 3 % du PIB, prépare actuellement son propre dispositif. Les mesures de réduction des déficits français seront annoncées « très rapidement », tout juste après la publication de l'audit des finances publiques, le 21 juillet, confirme Dominique Strauss-Kahn. A entendre le discours officiel, Lionel Jospin attend toutefois les résultats de cet audit pour déterminer sa stratégie. A l'évidence, il les connaît déjà : c'est bien sûr l'administration qui transmet les données chiffrées aux deux magistrats de la Cour des comptes chargés de cette radiographie. Hypothèses. Les principales hypothèses sur lesquelles ils travaillent sont les suivantes. Les déficits publics représenteraient, en tendance, 3,6 % à 3,7 % du PIB (La Tribune du 30 juin). Le dérapage par rapport aux 3 % affichés par le gouvernement Juppé est lié à la fois au budget de l'Etat et aux comptes sociaux. Le régime général de la Sécurité sociale ne voit pas son déficit s'aggraver outre mesure. Inférieur à 40 milliards de francs, il dérape de moins de 10 milliards par rapport aux prévisions (soit 0,1 % du PIB). Toutefois, ces calculs doivent être « retraités » pour être appréciés selon les critères de la comptabilité « maastrichtienne ». Ainsi, les investissements des hôpitaux sont financés par emprunt, ce que le système européen de compta- bilité nationale assimile à un déficit. On pourra objecter que cela était prévu par le gouvernement Juppé. Mais en outre, les autres comptes sociaux s'avèrent être en situation plus délicate. Le gouvernement Juppé tablait sur un excédent de 10 milliards pour l'assurance chômage (Unedic), qui a fondu comme neige au soleil avec la baisse des cotisations. Les régimes de retraite complémentaire, Agirc et Arrco, ne sont pas au mieux. Au total, le déficit des comptes sociaux ne représenterait pas 0,3 % du PIB comme annoncé par Juppé, mais serait plus proche de 0,6 % du PIB. Le dérapage par rapport aux prévisions initiales serait donc supérieur à 20 milliards de francs. Pour le budget de l'Etat, la problématique apparaît plus complexe. Les hypothèses concernant les recettes ne posent pas de difficulté politique. Nul n'ignore plus que les rentrées de TVA sont inférieures aux prévisions. En revanche, l'évaluation des dépenses non inscrites au budget est plus délicate. Le gouvernement pourrait être tenté d'inciter les auteurs de l'audit à charger la barque de l'équipe précédente... Incertitudes. Par ailleurs, comment prendre en compte les 10 milliards de francs gelés par Alain Juppé, qui étaient destinés à prévenir un dérapage des déficits, mais ont été « dépensés » par Lionel Jospin ? Compte tenu de ces incertitudes, l'audit devrait afficher un dérapage de 0,3 à 0,4 point de PIB (24 à 32 milliards) du déficit de l'Etat. Les seules bonnes surprises viendraient des collectivités locales. Selon le Crédit Local de France, elles dégageraient un léger excédent, au lieu d'un solde nul anticipé par le gouvernement Juppé. Face à cette situation, Lionel Jospin décidera plusieurs prélèvements fiscaux, dont le caractère exceptionnel ou non devra être précisé, a déclaré hier Dominique Strauss-Kahn. Celui-ci confirme son engagement à ne pas augmenter la pression fiscale (La Tribune du 4 juillet). Ivan Best
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