SANTÉ + L'assuré invité à s'abonner chez son médecin généraliste

L'accord conclu hier à l'arraché entre les médecins et les responsables de l'assurance maladie pourrait bien amorcer une profonde modification de notre système de soins. Pour la première fois, le sacro-saint principe de la liberté de choix du médecin se trouve écorné. En effet, les négociations ont abouti à la création d'une nouvelle catégorie de généralistes, le « médecin référent », que le patient s'engagera à consulter avant tout autre professionnel de santé. Eviter les doublons. Le système mis au point s'inspire - de manière très lointaine - du modèle anglais. Tout repose sur un « contrat d'abonnement » conclu entre le malade et le praticien. Le premier consultera exclusivement son généraliste référent avant tout autre professionnel de santé : médecins spécialistes, hôpital par exemple. De son côté, le médecin référent tient le dossier médical, il s'engage à un suivi préventif, et garantit une continuité dans les soins en coordonnant les diverses interventions. L'avantage ? Le passage obligé devant le médecin référent est censé éviter les doublons et consultations inutiles. En outre, le médecin référent facture au tarif du secteur 1, donc peu onéreux pour la Sécurité sociale. Enfin, il s'engage à modérer ses prescriptions. Malade et médecin y trouvent leur compte : le patient se verra dispensé de l'avance de frais : le médecin sera directement payé par la Sécurité sociale et la mutuelle, et il ne restera au malade qu'à régler le ticket modérateur. Quant au médecin, il percevra une rémunération forfaitaire, comprise entre 150 et 200 francs par an et par patient. Ce contrat d'abonnement est ainsi censé préfigurer les futures filières de soins, qui organiseront la coordination entre les divers acteurs du système. Une enveloppe spéciale, de 850 millions de francs, a été prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale à ce titre. Prudence. Difficile de connaître aujourd'hui l'avenir que médecins et patients réserveront au système. Les signataires de l'accord sont restés prudents. Contrairement à son homologue britannique, le contrat d'abonnement est facultatif, puisqu'il repose sur le volontariat. Les incitations financières sont modestes. Richard Bouton, le patron de MG France, syndicat des généralistes, aurait souhaiter aller plus loin, mais les responsables de l'assurance maladie ne l'ont pas suivi : c'était trop pénaliser les spécialistes. Depuis quinze ans, le système de rémunération comme le cursus universitaire, tout pousse les médecins à faire une spécialité. Résultat, on compte presque autant de spécialistes à leur compte que de généralistes. Créer un passage obligé chez le généraliste, et faire des spécialistes des médecins de second rang, revenait à condamner un certain nombre d'entre eux à fermer leur cabinet... Isabelle de Gaulmyn
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