Pressions sur Tony Blair à la veille du Conseil européen

Trois tête-à-tête avec Tony Blair pourraient sceller les résultats du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Cinq qui se tiendra jeudi et vendredi à Bruxelles.Deux dossiers clés sont au menu : l'avenir de la construction européenne après les "non" français et néerlandais, mais aussi le financement futur de l'Union européenne (UE). Le premier tête-à-tête a eu lieu hier soir à Berlin entre le chancelier Gerhard Schröder, qui a appelé les Européens à "dépasser leurs égoïsmes nationaux", et son homologue britannique. Tony Blair, qui a engagé une tournée des capitales par des entretiens, hier à Moscou, sera ce matin à Luxembourg pour rencontrer le président du Conseil européen, Jean-Claude Juncker, puis cet après-midi à Paris pour un tête-à-tête déterminant avec Jacques Chirac. Le débat des ministres des Affaires étrangères, hier à Luxembourg, sur l'"après-référendum" est resté général. Philippe Douste-Blazy a répété que, sans vouloir "donner de leçons à quiconque", la France pense que le processus de ratification de la Constitution doit se poursuivre. Pour autant, a-t-il ajouté, "il est important que nous engagions une réflexion collective sur les inquiétudes et les attentes qui se sont exprimées afin de réconcilier les peuples européens avec le projet européen". Le ministre français et ses collègues allemand, belge, néerlandais, luxembourgeois, danois et suédois ont obtenu l'adoption d'une position prudente sur les futurs élargissements de l'Union.Sur les "perspectives financières" de l'UE, les divergences vont bien au-delà du désaccord franco-britannique, avec notamment les fortes réticences des Pays-Bas et de l'Italie.Si les diplomates se veulent "raisonnablement optimistes", c'est qu'ils comptent que Tony Blair finira par accepter un "gel" de l'abattement de la contribution au budget européen dont Londres bénéficie depuis 1984. A leurs yeux, la bataille se fera sur le niveau du "chèque" et sur l'adoption - exigée par Paris - d'une clause prévoyant dès 2014 sa diminution progressive et sa suppression. Pour 2007-2013, la présidence avait proposé de retenir une moyenne de la ristourne accordée au Royaume-Uni entre 2000 et 2004. Soit 4,6 à 4,7 milliards d'euros qui corrigeraient les versements des plus gros contributeurs au budget de l'UE - une formule qui éviterait à la France de voir sa part grimper de façon vertigineuse, mais qui lui coûterait encore 1,5 milliard d'euros par an.Contre-feu. Mais Tony Blair est encore loin d'avoir dit oui et ce malgré l'appel de Peter Mandelson, commissaire européen au Commerce, pour une révision du rabais accordé à Londres. Tony Blair, qui a allumé un contre-feu en proposant de rouvrir le budget de la politique agricole commune, pourrait essayer de diviser ses partenaires pour sauver intégralement son "chèque". Il pourrait proposer d'exempter les dix derniers pays adhérents de lui verser leurs quotes-parts. Un "geste de solidarité" qui lui vaudrait les faveurs de ces capitales, mais qui laisserait entiers les problèmes des autres Etats membres qui se partagent cette année 91,5 % de ce "chèque".Dans tous les cas, Blair a demandé hier "des changements fondamentaux de la PAC". Un appel que la France ne devrait guère apprécier.Marc Paoloni, à Luxembourg
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