Tollé général contre la libéralisation des services portuaires européens

Hambourg, Anvers, Rotterdam ou Le Havre... Tous les grands ports européens seront perturbés aujourd'hui par une "eurogrève", à l'appel de l'ensemble des syndicats de dockers, pour protester contre la deuxième proposition de directive relative à la libéralisation des services portuaires. Une manifestation est organisée à Strasbourg, la veille de l'examen de ce projet par le Parlement européen. Le vote des députés européens interviendra mercredi. "Avec cette directive, n'importe qui pourra réaliser des travaux de chargement et de déchargement des navires sans qualifications spécifiques", peste Julian Garcia, délégué de la Coordination des dockers espagnols. Pour Manfred Rosenberg, secrétaire du syndicat allemand, le projet de Bruxelles est "inutile" car les ports européens sont "efficaces et moins coûteux qu'aux États-Unis et en Asie".La stratégie de Lisbonne, adoptée en mars 2000 par le Conseil européen, prévoit la libéralisation de tous les secteurs du transport. Un premier projet de directive touchant les services portuaires avait été rejeté en novembre 2003 par le Parlement européen, après plusieurs journées de grève qui avaient paralysé les ports européens. La nouvelle mouture, baptisée "Paquet portuaire II", qui sera examinée demain à Strasbourg, reprend l'idée, combattue par les dockers, d'autoriser, dans certains cas, les armateurs à utiliser du personnel de leur choix pour charger ou décharger les navires. Reste que le Parlement européen ne semble toujours pas prêt à donner son aval à ce texte.La commission du Marché intérieur du Parlement, saisie pour avis, a rejeté la proposition de Bruxelles. Elle considère que les ports européens sont déjà parmi les plus compétitifs au monde, et qu'il serait contre-productif d'appliquer une réglementation commune lorsque la diversité actuelle s'est révélée positive pour la rentabilité et l'efficacité des ports. Elle demande ainsi d'intégrer des dispositions sur les inspections du travail et de supprimer la possibilité de recourir à l'auto-assistance, estimant qu'elle risque de porter atteinte aux conditions de travail du personnel employé dans les ports. C'est d'ailleurs ce principe d'auto-assistance qui est depuis le début source de conflit.En séance plénière, le Parlement européen pourrait rejeter purement et simplement l'ensemble de la directive. En tout cas, les socialistes ont déposé un amendement en ce sens. "Nous voulons que cette directive soit coulée. Nous ne voulons pas de navires avec des équipages sous-payés, des conditions de travail médiocres et des doutes sur la sécurité", observe l'eurodéputé socialiste allemand Willi Piecyk. "Le fait que la Commission l'ait ramenée quasiment inchangée témoigne d'un mépris total pour le Parlement européen démocratiquement élu", ajoute son collègue britannique Stephen Hugues. Les eurodéputés pourraient au mieux renvoyer le texte à la commission des Transports du Parlement pour essayer de trouver un consensus, comme le propose le groupe des libéraux.Marc Dege
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