L'Europe s'estime " OMC compatible "

La Commission ne veut pas le dire trop fort, pour ne pas froisser un " partenaire " transatlantique qui se montre de bonne volonté. Mais, à Bruxelles, on considère toujours que, pour débloquer les négociations à l'OMC, la balle est dans le camp américain. Dans le domaine agricole, l'UE estime qu'elle a déjà fait tout ce qu'elle pouvait. En octobre 2005, elle a proposé une coupe moyenne de 39 % des tarifs douaniers sur les produits agricoles importés. Et depuis, le commissaire au Commerce, Peter Mandelson, a fait savoirque l'UE " était prête à ajouter plus de 10 points " à ce chiffre - ce qui ferait chuter de moitié les tarifs douaniers européens. Uniquement, toutefois, si les partenaires de l'UE à l'OMC font d'abord un geste.Surtout, l'UE souligne qu'elle a déjà largement progressé, en interne, dans la libéralisation de son agriculture. La réforme de PAC, en 2003, a coupé le lien entre le montant des aides versées aux agriculteurs et les denrées produites. De quoi satisfaire l'OMC, qui juge de telles aides directes particulièrement nocives pour la concurrence. Le paiement unique, désormais versé à de nombreux agriculteurs européens (quelles que soient les quantités et les matières produites), peut, au contraire, leur permettre de quitter les secteurs les moins compétitifs. Laissant théoriquement davantage de place aux exportations des pays tiers.LES LOIS DU MARCHE AVANT TOUTDepuis 2003, la Commission libéralise ainsi, pas à pas, tous les marchés agricoles. Le découplage sera au coeur de la proposition de réforme du marché des fruits et légumes, que formulera Bruxelles fin janvier. La réforme du marché du sucre, adoptée l'an passé, doit supprimer les plantations de betteraves sur-subventionnées : en Finlande, vues les conditions météo, elles n'étaient ainsi rentables qu'avec les aides européennes. Et dans son esquisse de réforme viticole, la Commission veut arracher 400.000 hectares de vignes, pour mettre fin à une offre qui ne rencontre pas de demande. Car telle est bien la finalité " OMC compatible " de ces restructurations : laisser jouer les lois du marché au maximum, dans l'agriculture.La Commission ne comptepas s'arrêter là. Elle prépare la prochaine réforme de la PAC. Le débat promet d'être vif en 2009 pour une application en 2014. Objectif : limiter encore les subventions, qui pèsent pour l'heure 40 % du budget communautaire.
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