Taiwan élit ses députés sous l'oeil de Pékin

Des élections aux portes de la Chine populaire. L'événement, qui doit intervenir samedi à Taiwan où vont avoir lieu les législatives, ne peut qu'irriter les maîtres de Pékin qui continuent de s'opposer à l'introduction d'institutions démocratiques chez eux et considèrent Taiwan comme une " province rebelle ". Mais cela n'empêchera pas, au contraire, les électeurs taiwanais, qui se réclament de plus en plus d'une identité nationale propre, de se rendre aux urnes d'où ne devrait d'ailleurs pas émerger de nouvelle majorité.À deux mois et demi de l'élection pésidentielle, le 22 mars, ce scrutin législatif doit-il être considéré comme un test ? Selon des observateurs, le " camp bleu ", autour du Kuomintang, le parti nationaliste historique, peut espérer une soixantaine de sièges sur 113, et le " camp vert ", autour du Parti démocratique progressiste (DPP) du président Chen Shui-bian environ 50. " Ce scrutin marque l'entrée en vigueur de réformes institutionnelles qui vont favoriser le bipartisme ", explique, à Taipei, Frank Muyard, directeur de l'antenne du Centre d'études français sur la Chine contemporaine (CEFC).Mais l'enjeu est aussi économique. " La conjoncture est bonne, mais les classes moyennes ont le sentiment de moins bénéficier de la croissance qu'auparavant ", rapporte Frank Muyard, cela en raison de la perte de vitesse des industries à faible valeur ajoutée. " Et bien sûr, le Kuomintang exploite ce sentiment ", poursuit-il.L'ILE DOIT COMPTER SUR SA COMPETITIVITEEn 2007, le PIB a crû de près de 5 % et devrait augmenter d'environ 4,5 % cette année. Mais l'activité tire son dynamisme des exportations et de la division du travail régionale qui fait de la Chine le principal atelier d'assemblage asiatique, explique Vincent Alexandre (BNP Paribas). En filigrane, c'est la question de la poursuite du rapprochement avec la Chine continentale qui se pose aux Taiwanais. Le Kuomintang est pour, alors que le DPP dénonce les délocalisations industrielles qui vident Taiwan de ses emplois, explique un diplomate taiwanais. À cela s'ajoutent à présent le risque de récession aux États-Unis, grand débouché commercial, et celui de l'inflation résultant du prix de l'énergie. Pour contrer ce dernier défi, il faut s'attendre à une appréciation du dollar taiwanais, prévoit Vincent Alexandre. L'île devra donc compter sur sa compétitivité pour ne pas perdre de parts de marché. L'appréciation de la devise chinoise (près de 14 % depuis juillet 2005) lui offre une marge de manoeuvre bienvenue.
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