La croissance hispanique doit affronter la crise née des subprimes

L'Espagne est-elle davantage affectée que ses voisines par les turbulences internationales nées de la crise des crédits hypothécaires à haut risque aux États-Unis ? Cette question se pose en filigrane derrière le débat opposant gouvernement et opposition à propos de la véritable situation de l'économie nationale.À première vue, le pays présente une indéniable vulnérabilité face à l'onde de choc des subprimes américaines : si l'Espagne s'est développée de manière spectaculaire ces dernières années, c'est avant tout - et cela est valable tant pour le gouvernement socialiste sortant que pour le conservateur qui l'avait précédé - grâce à un modèle basé sur deux axes : un long boom immobilier et une consommation soutenue, tous deux profitant de taux d'intérêt longtemps négatifs en termes réels. Ces deux moteurs sont aujourd'hui particulièrement affectés par les incertitudes internationales : l'immobilier est partout au centre du tourbillon, et l'Espagne n'est pas une exception, qui a vu plusieurs de ses foncières sérieusement menacées face à la dévalorisation de leurs actifs et la restriction du crédit. Quant à la consommation, elle risque de se voir sérieusement affectée par la hausse des taux.Reste que l'Espagne peut aussi faire valoir des avantages qui lui sont propres : un taux de croissance toujours très supérieur à la moyenne de la zone euro, avant tout. Si son rythme effréné de création de logements nouveaux (plus de 700.000 par an !) se réduisait de moitié, on ne pourrait pas pour autant parler de risque récessif, arguent les optimistes à Madrid : quel pays européen ne serait-il pas satisfait de construire 350.000 appartements par an ?Reste que plus d'un empire immobilier forgé au sud des Pyrénées sur la base d'acquisitions hâtives et d'endettements imprudents risque désormais de faire face à une situation difficile. Ce qui assombrit les perspectives d'un secteur qui est apparu ces dernières années comme le grand pourvoyeur d'emplois de l'économie nationale. Et pose le problème de savoir quel autre domaine d'activité est à même de prendre le relais. Le comportement dynamique de l'investissement (avec une croissance supérieure à 10 % durant huit des dix derniers trimestres) est à cet égard encourageant.Reste un dernier élément différentiel positif : le système financier espagnol, à première vue, semble beaucoup moins exposé que celui des pays voisins, tant face aux subprimes que face aux titres qui leur sont adossés, grâce notamment à la politique de contrôle des risques de la Banque d'Espagne. Un atout de taille par les temps qui courent, assurent gouvernement et opposition pour une fois d'accord.
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