L'Asie redoute les effets du ralentissement américain

La théorie sur le découplage économique de l'Asie supportera-t-elle le choc d'une éventuelle récession américaine ? Ces dernières années, nombre d'experts ont mis en exergue l'autonomie relative des pays émergents d'Asie dont le commerce intrarégional frôle les 55 %, presque autant que le niveau du commerce intra-européen. Ils relevaient également un rééquilibrage géographique des exportations asiatiques, la demande émanant d'Europe, du Japon et du Moyen Orient augmentant plus vite que la demande américaine.Mais l'effondrement des Bourses asiatiques hier (- 5,37 % à Hong Kong) a fait ressurgir le spectre d'une contagion du ralentissement américain aux pays émergents. " Le credo du découplage a fait oublier un peu vite que le débouché final de l'Asie demeure le monde développé, particulièrement les États-Unis ", s'alarme un expert. La Chine, point de convergence des exportations des produits semi-finis des autres pays d'Asie dont elle est devenue l'atelier, réexporterait entre 70 % et 80 % de ses productions vers ces gros marchés...FRAGILITES IMPORTANTES DE L'ECONOMIE CHINOISE La Malaisie, dont plus de 44 % des exportations portent sur des semi-conducteurs et autres produits électroniques et électriques, a décelé dès novembre une moindre hausse de ses exportations par rapport à octobre (+ 5,7 % contre 14,2 %). Singapour a vu le rythme de croissance du PIB fondre d'un tiers au dernier trimestre 2007. La Corée et Taiwan, gros exportateurs de semi-conducteurs, téléphones portables et autres ordinateurs, s'inquiètent pour leurs exportations. Lundi dernier, la Banque asiatique de développement a annoncé une révision de ses prévisions de croissance pour la région de 8,2 % à " légèrement " en dessous de 8 %. Un ajustement marginal d'autant que, dans une note récente, Luca Silipo, économiste chez Natixis, explique que " si l'économie des États-Unis ralentit de 1 %, la croissance du PIB chinois [...] se contracterait de 0,75 %, si on conjugue effet direct et effet "usine de l'Asie"". Elle passerait donc de 11,5 à 10,75 %...Reste que les économistes redécouvrent que l'économie chinoise présente des fragilités importantes telles que la faible productivité des grandes entreprises publiques, l'emballement du crédit ou encore la formation de bulles (immobilière, etc.). " À cela s'ajoute un nouveau canal de propagation de crise que sont les prises de participations par les pays d'Asie dans le capital d'entreprises occidentales comme les banques " , conclut l'expert.
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