Davos 2008 consacre le règne des fonds souverains

L 'environnement économique global est plein d'espoir " : les 2.500 dirigeants mondiaux présents à Davos l'an dernier avaient quitté le World Economic Forum sur cette note optimiste. En 2008, retour brutal à la réalité : la 38 e édition du forum économique mondial à Davos s'ouvre aujourd'hui avec un parfum de krach boursier et voit se dérouler en temps réel les pires scénarios que les participants à cette grande foire de la mondialisation heureuse espéraient conjurer.Cette édition 2008 sera placée sous le signe d'une triple insécurité : insécurité financière, avec les graves conséquences économiques de la crise américaine des subprimes ; insécurité alimentaire et, donc sociale, avec la flambée du cours des produits agricoles ; insécurité énergétique, avec les implications géopolitiques inquiétantes de l'entrée dans l'ère du pétrole cher. Ces trois thèmes domineront les débats des quelque 200 conférences organisées pendant cinq jours pour l'élite mondiale du business dans la station suisse des Grisons.Malade de ses propres excès, le monde de Davos va pouvoir profiter de ce temps de retraite pour mériter ce qui fait depuis 1971 sa devise : " Améliorer la situation économique de la planète ". Face à la menace d'une récession américaine, la présence de dirigeants des principaux pays du G7 - notamment les Premiers ministres britannique et français, Gordon Brown et François Fillon -, de responsables de la plupart des grands pays émergents et de représentants des institutions internationales (FMI, Banque mondiale...), permettra de réfléchir aux moyens de remédier à la crise actuelle, en attendant la réunion, début février, des ministres des Finances du G7. Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, ne viendra cependant pas cette semaine à Davos, devant travailler au plan de relance proposé par le président Bush pour éviter la récession.NOUVEAUX MAITRES DU MONDELes véritables vedettes de cette édition ne seront ni les stars de l'Internet ou des réseaux sociaux, ni les nombreux patrons de multinationales venus se ressourcer, mais bien les dirigeants des grands fonds souverains des pays émergents qui, à coup de milliards de dollars, se sont mis à jouer le rôle de prêteur en dernier ressort d'une finance américaine en déroute. Deux ans après le choc indien, lorsque Mittal avait annoncé son OPA sur Arcelor, la veille de la clôture du forum, le basculement de l'économie mondiale en faveur du Sud se confirme. Avec de nouveaux maîtres du monde qui ont pour nom China Investment Corp. (le fonds chinois entré chez Morgan Stanley et Blackstone), Adia (le fonds d'Abou Dhabi intervenu chez Citigroup), Temasek (le fonds de Singapour qui a volé au secours de Merrill Lynch), Kuwait Investment Authority ou le russe VTB. Des fonds qui font peur et suscitent des réflexes nationalistes et protectionnistes, y compris chez les plus libéraux.La plupart de ces sovereign funds seront présents à Davos et nul doute qu'en marge du forum ils seront les plus courtisés. Mais, c'est de la note d'espoir qui surgira peut-être de Davos 2008, de ce dialogue d'un nouveau type entre le Nord et le Sud que viendra sans doute le salut de l'économie mondiale.La France À l'honneurLa conférence " France on the move " offrira jeudi l'occasion aux " davosiens " d'écouter, pour la première fois depuis l'intervention de Raymond Barre il y a près de trente ans, un Premier ministre français. De quoi améliorer l'image de la France réputée avoir plus de mal que les autres avec la mondialisation. Christine Lagarde, la ministre de l'Économie, sera présente samedi pour présider le gala de clôture, organisé par la France, de ce Davos 2008.
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