La Serbie vote en faveur de l'union avec l'Europe

L'élection présidentielle serbe avait pris depuis plusieurs semaines l'allure d'un référendum sur l'Europe. En choisissant dimanche au second tour le candidat pro-européen, le président sortant Boris Tadic (50,57 % des voix contre 47,71 % pour l'ultranationaliste Tomislav Nikolic), les électeurs ont donc tranché. Leur destinée sera européenne. " Que le démocrate ait gagné dans un contexte de volonté d'indépendance du Kosovo, qui était pain bénit pour les nationalistes, est un bon signe " , relève François d'Ornano, responsable du bureau de Gide, Loyrette, Nouel à Belgrade. La communauté des affaires, serbe et internationale, est donc soulagée. Même si tout reste à faire.Car avant d'avancer sur le chemin de l'Europe, il faudra régler la question du Kosovo, province rebelle peuplée d'une majorité d'Albanais, et qui a bien l'intention de déclarer son indépendance dans les jours qui viennent. Si, contrairement à son adversaire ultranationaliste, Boris Tadic ne considère pas le Kosovo comme un obstacle insurmontable à un rapprochement avec l'Europe (qui soutient l'indépendance), il est cependant lui aussi contre cette indépendance. Après des décennies de discours allant dans le même sens, les Serbes sont en effet persuadés que le Kosovo " est le coeur de la Serbie. Il l'était avant que les Ottomans n'en chassent les Serbes pour y installer des Albanais ", comme l'explique Rade Novakof, chauffeur de bus à Novi Sad, en Voïvodine, au nord du pays, faisant référence à la fameuse défaite du Champ des Merles, en 1389...TOUT, SAUF LA GUERRE...Comment va réagir Belgrade ? " Nous ferons tout pour annuler une telle décision ", déclarait il y a quelques semaines Aleksandar Simic, le conseiller du Premier ministre nationaliste Vojislav Kostunica. Un Premier ministre qui n'a d'ailleurs pas daigné soutenir son président pendant la campagne. Tout, sauf la guerre. Les Serbes envisageaient un embargo, mais ils se tireraient une balle dans le pied, puisqu'ils envoient pour environ 160 millions de dollars de produits par an au Kosovo, et feraient en outre souffrir les Serbes sur place.Pro-serbe, la Russie interviendra-t-elle ? Peu le croient. Elle a déjà obtenu ce qu'elle voulait : pour un prix dérisoire, Gazprom a pris le contrôle du groupe pétrolier serbe Nis. Les choses pourraient donc se calmer peu à peu. De quoi relancer les investissements étrangers. Belgrade souhaite de 3 à 4 milliards d'IDE par an. Dans un pays de 7 millions d'habitants où tout est à faire - des ponts aux autoroutes en passant par l'immobilier -, les retours sur investissements pourraient être juteux. Et certains comparent déjà la Serbie à venir à la Hongrie actuelle...
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