Le jeu non coopératif de l'Amérique fâche l'Europe

L'hyperactivisme des États-Unis pour contrer le spectre de la récession est diversement apprécié en Europe. Le secrétaire d'État aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, a eu des mots inhabituellement fermes à quelques jours d'une réunion cruciale des grands argentiers des sept pays les plus industrialisés (G7), à Tokyo. " Face à une crise d'origine américaine, qui s'est propagée à l'ensemble de l'économie internationale, c'est bien la question de la coopération qui est posée " et la crédibilité des réunions de type G7 " est entre les mains des Américains ". Des propos d'autant plus forts qu'ils émanent d'un ancien directeur du Trésor.Le patron de la Réserve fédérale Ben Bernanke, est accusé d'avoir cédé à la panique en réduisant le loyer de l'argent de 1,25 point en huit jours. " Le fait qu'il n'y ait pas eu de concertation traduit ou un mépris de la coopération sur le plan financier, ce qui n'est pas une bonne chose, ou une situation qui serait plus grave que prévu ", poursuit Jean-Pierre Jouyet, ce qui peut donner aux opérateurs " un sentiment de panique ".L'INDUSTRIE EUROPEENNE DUREMENT AFFECTEEC'est surtout la chute du billet vert qui inquiète la zone euro. " Si ces mesures - baisse des taux et relance budgétaire - ont pour effet de faire baisser le dollar et les devises des pays émergents liées au billet au vert, alors c'est désastreux ", explique-t-on à Paris. La faiblesse du dollar, en relançant les exportations de l'industrie américaine, permet de maintenir l'économie américaine à flot. Mais elle affecte durement l'industrie européenne. Airbus menace ainsi de délocaliser une partie de sa production en zone dollar. Les appels de Washington et du FMI en faveur d'une relance budgétaire pour soutenir la croissance mondiale ont également reçu un accueil mitigé en Europe.Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, estime qu'il n'y a pas de " nécessité de lancer un vaste programme de stimulation conjoncturelle " . L'Allemagne pense que ce n'est " pas nécessaire ". En revanche, la France ne verrait pas d'un mauvais oeil que certains laissent filer leurs déficits. " En tant que président de la réunion, je veux aborder la possibilité d'une coordination entre les membres du G7 " , souligne le ministre des Finances japonais, Fukushiro Nukaga. Le G7 risque surtout de se mettre d'accord pour dénoncer la sous-évaluation de la devise chinoise et de passer sous silence ses désaccords de fond.
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