La Fed pourrait ne pas suivre la BCE

Avec la hausse des taux de la BCE, l'équation de la Réserve fédérale américaine se complique un peu plus. Depuis le lancement de la monnaie unique en 1999, l'écart entre les taux directeurs européens et américains, qui est désormais de 2,25 points, n'a jamais été aussi favorable à la zone euro. Une situation qui affaiblit théoriquement le dollar, créant un nouveau risque de pressions inflationnistes outre-Atlantique. Au point que le mois dernier, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait haussé le ton face à la glissade du billet vert. Car, après sept baisses des taux entre septembre et avril et un loyer de l'argent qui a été ramené de 5,25 % à 2 %, la Fed a indiqué le 25 juin que, désormais, elle " s'opposerait vigoureusement " au dérapage des anticipations inflationnistes. Mais devra-t-elle pour autant suivre l'exemple de la BCE et relever rapidement ses taux pour maintenir le dollar et les prix sous contrôle ? En zone euro, certains le souhaiteraient et la ministre de l'Économie française, Christine Lagarde, s'est dite hier " attentive " à la politique monétaire américaine. Mais rien n'est moins sûr.D'abord, parce que, comme l'ont montré les réactions du marché hier (lire ci-dessus), la hausse des taux de la zone euro était anticipée et l'effet sur le dollar n'est donc pas forcément négatif. Mais aussi et surtout parce que la situation économique américaine reste très difficile. Hier, les chiffres de l'emploi américain et de l'indice des directeurs d'achats dans les services se sont encore dégradés (lire page 20). Pour Christian Parisot, économiste chez Aurel, la Réserve fédérale ne pourra pas relever ses taux tant que le marché de l'immobilier américain ne se sera pas au moins stabilisé. " S'il existe un risque inflationniste lié au prix des matières premières, la situation de l'immobilier est nettement déflationniste ", ajoute-t-il.Du coup, une hausse des taux pour soutenir le dollar paraît peu probable et la Fed, prise entre ces forces contraires, pourrait s'en tenir à un statu quo monétaire. Christian Parisot souligne pourtant que les autorités monétaires américaines sont décidées à ne pas reproduire la longue période de taux d'intérêt réels négatifs que l'on avait connus sous le mandat d'Alan Greenspan. La Fed a bien signifié le 25 juin que la baisse des taux était terminée et le durcissement monétaire américain aura bien lieu. Mais seule la situation économique décidera de son heure.
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