Les « orthodoxes » de Bavière pensent d'abord aux élections de 1998

Edmund Stoiber, ministre-président CSU de Bavière, va-t-il faire éclater la coalition gouvernementale allemande ? Jusqu'à présent, la menace venait plutôt des libéraux. Mais depuis que l'on sait qu'il manque 30 milliards de marks pour boucler le budget 1997 sans dépasser la barre fixée par Maastricht, la bagarre entre Munich et Bonn a pris une nouvelle tournure. Le chancelier Kohl, qui met un point d'honneur à réussir l'union monétaire européenne, faisait savoir clairement depuis quelques semaines qu'il privilégiait le calendrier. Ce qui laissait entendre qu'il pouvait admettre une interprétation des critères en tendance (lire ci-dessus). De plus en plus de députés de la CDU et du FDP essaient également de faire comprendre qu'un déficit budgétaire de 3,2 % ou 3,3 % ne serait finalement pas synonyme d'instabilité monétaire, contrairement à ce qu'affirment certains monétaristes purs et durs, notamment à la Bundesbank. Menace. Edmund Stoiber, qui a toujours prôné une ligne dure, a menacé ce week-end de ne pas voter pour l'euro quand le dossier sera examiné par les Länder au Bundesrat si les critères de stabilité ne sont pas respectés à la lettre. « Avec sa politique sur l'euro, Kohl met en péril les chances des partis de la coalition lors des prochaines élections au Bundestag de 1998 », se plaint-il. Ce à quoi on répond dans les milieux proches de la CDU que cela ne peut suffire à bloquer le dossier, les Länder SPD étant favorables à l'euro. Toutefois le dossier est loin d'être traité à la légère par le chancelier. Depuis qu'au sommet d'Amsterdam il a fait dire au représentant de la Bavière auprès de l'Union européenne qu'il s'attendait à un peu plus de discipline de la part des Bavarois, le ton est monté d'un cran. Un certain poids. Stoiber, qui a eu une vive dispute avec Theo Waigel, à la fois ministre des Finances fédéral et président de la CSU (branche bavaroise de la CDU), semble avoir la majorité de son parti derrière lui. Autant dire qu'il peut provoquer la rupture s'il pense que c'est dans l'intérêt de son parti. Celui-ci, de fait, est dans une situation délicate. Il gouverne depuis les années 50 avec une majorité absolue en Bavière, ce qui lui permet à Bonn d'avoir un certain poids. Lors des élections de 1994, il a obtenu, grâce à sa majorité régionale, 7,3 % des voix allemandes, la CDU en récoltant 34,2 % et le FDP 6,9 %. Mais les derniers sondages en Bavière lui sont moins favorables. Certains mouvements de citoyens, dont un notamment hostile à l'euro, pourraient lui coûter la majorité absolue, ce qu'il veut empêcher à tout prix. Comme à l'époque Franz-Josef Strauss, bête noire de Kohl, Stoiber pense avant tout à ses affaires régionales. Après la mort du « taureau de Bavière » en 1988, Kohl croyait avoir résolu le problème en nommant le président de la CSU au ministère des Finances. C'était sans compter sur Edmund Stoiber qui, depuis son arrivée à la tête du gouvernement de Bavière, a progressivement renforcé sa position au sein du parti. B. de P.
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