Crise budgétaire : le vent tourne contre Clinton

La saga des négociations budgétaires aux Etats-Unis approchait hier de sa fin. La Maison-Blanche et l'opposition répu- blicaine, qui avaient repris leurs discussions, semblaient décidées soit à forger un compromis, soit à établir un constat définitif de désaccord. Mais voici que dans ce moment crucial, l'avantage politique que le président Bill Clinton tirait de la crise s'amenuise. Les sondages font état d'un retournement de situation. Bob Dole, leader de la majorité républicaine au Sénat et principal candidat républicain à la présidentielle, remonte dans les sondages, au détriment du président. Selon une étude CNN-USA Today, 47 % des Américains ont l'intention de voter pour Clinton, contre 55 % à la mi-novembre, tandis que Dole recueille 46 % des intentions de vote, contre 39 % à la mi-novembre. Explication ? Dole a compris que le public, exaspéré par la pagaille budgétaire, voulait récompenser les hommes politiques de bonne volonté. Et Clinton ? « Il a fait une erreur d'analyse : parce que sa cote ne cessait d'augmenter, il a pensé que cela pouvait durer éternellement », répond Steven Bell, analyste politique de Salomon Brothers à Washington. Durant les trois semaines de paralysie administrative due à l'absence de budget 1996, la popularité du président avait beaucoup progressé. Alors que le public dénonçait les « enfantillages » de Washington, Bill Clinton jouait le rôle de « l'adulte » qui tentait de calmer les esprits tout en restant ferme sur ses principes, à savoir la défense de l'éducation et des services de santé pour les plus démunis et les personnes âgées. Face aux « extrémistes » républicains de la Chambre des représentants, le chef de l'Etat faisait preuve de modération et de conciliation. Pour mieux comprendre le chemin parcouru par le président, il faut se souvenir qu'il avait présenté, en début d'année dernière, un programme budgétaire renonçant à poursuivre la réduction du déficit. La tactique de la conciliation a profité à Bill Clinton jusqu'au moment où Bob Dole l'a, lui aussi, adoptée en déclarant que la paralysie du gouvernement avait assez duré. Son « ça suffit ! » a plu au public. Sous la pression du leader du Sénat, le Congrès a finalement autorisé le financement (temporaire) des rémunérations des fonctionnaires. Les républicains ont fait un pas supplémentaire sur la voie du compromis, lundi, en rapprochant leur position de celle de Clinton grâce à une diminution de l'ampleur des économies qu'ils souhaitent réaliser dans les programmes de santé publique. En dépit du chemin parcouru, des différences demeurent. « Elles portent partiellement sur l'argent et partiellement sur la politique », a expliqué hier un porte-parole de la Maison-Blanche. Si les deux parties admettent qu'ils ne peuvent trouver un compromis, cela reviendrait à confier aux électeurs le soin de se prononcer sur ces deux politiques opposées lors de l'élections présidentielle. JEAN-MARIE MACABREY À WASHINGTON
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