UE + L'emploi ne mobilise guère la présidence luxembourgeoise

À peine décidé au récent sommet d'Amsterdam, à la requête expresse des socialistes français au pouvoir à Paris, le sommet spécial européen consacré à l'emploi a du plomb dans l'aile. C'est ce qui ressort clairement des propos tenus hier par l'ambassadeur du Luxembourg à Paris, Paul Mertz, qui s'exprimait devant la chambre de commerce belgo-luxembourgeoise en France. D'une part, quant au calendrier, le diplomate a reconnu qu'une idée « en l'air pour l'instant » consistait à coupler ce sommet spécial avec le Conseil européen prévu pour la mi-décembre au Luxembourg. La réunion communautaire consacrée à l'emploi prendrait alors la forme d'une journée additionnelle au conseil européen, ce qui ne manquerait pas d'apparaître comme un appendice sans grande portée de la réunion semestrielle des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union. Embarras. D'autre part, quant au contenu même de ce sommet sur l'emploi, Paul Mertz a souligné que l'on en était à « un stade très préliminaire ». « Que faut-il mettre dans un tel sommet ? », s'est-il publiquement interrogé avant de « botter en touche » en direction de ses promoteurs hexagonaux. Les Français n'ont qu'à avancer les idées, « s'ils en ont », a déclaré non sans humour le diplomate luxembourgeois. Un embarras similaire semblait se faire jour dans les déclarations au Monde daté d'aujourd'hui de Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg : « Bien que nous soyons chargés de l'organisation d'un sommet sur l'emploi, je ne pense pas que l'on va parvenir à résoudre le conflit entre ceux qui veulent « flexibiliser » et ceux qui entendent faire jouer un rôle économique à la puissance publique », a reconnu humblement le président en exercice du Conseil européen. Dossier épineux. De son côté, Jacques Poos, chef de la diplomatie luxembourgeoise, écrivait hier dans le quotidien le Soir de Bruxelles que « les réflexions et suggestions (des dirigeants européens et des partenaires sociaux) pourraient devenir le sel du sommet » sur l'emploi qui devrait, selon lui, « lancer un signal de confiance dans le modèle de société européen ». Un modèle qui, selon Jean-Claude Juncker, « a des vertus que nous n'avons pas le droit de jeter à la poubelle ». Ce qui se conçoit mal s'énonce confusément... Pour les Luxembourgeois, les priorités de leur présidence européenne semblent plutôt se focaliser sur un autre dossier tout aussi épineux, celui de l'élargissement de l'Union. Hier, Paul Mertz rappelait que c'est à la mi-juillet que la Commission de Bruxelles livrerait ses « avis » sur les demandes d'adhésion des onze pays candidats : Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie, Slovénie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Chypre, auquel il faut ajouter le cas « particulier » de la Turquie. Selon le diplomate, il est « clair » que ces demandes donneront lieu à des « négociations séparées », en raison de la situation spécifique de chaque pays, même si ces négociations sont liées les une aux autres. « Tous ont vocation à entrer dans l'Union », a répété Paul Mertz qui, cependant, n'a pas manqué de citer Prague, Budapest et Varsovie comme candidats les mieux placés pour faire partie de la première vague de l'élargissement de l'Union à l'Est. Alain Baron
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