Le ciel économique s'assombrit au Royaume-Uni

Concilier une réalité économique moins riante avec une image dynamique de « UK Corp. ». Tel est l'exercice auquel le ministre des Finances britannique, Kenneth Clarke, s'est livré hier, à l'occasion des « prévisions économiques d'été », qui consistent à réviser les hypothèses budgétaires élaborées en novembre 1995 (voir tableau). Il s'en est sorti en se livrant aux contorsions de rigueur, le meilleur exemple étant fourni par la croissance du PIB, qui doit désormais « progresser sur un rythme de 3 % au cours des prochains dix-huit mois », soit le pourcentage avancé en novembre 1995 pour cette année. En réalité, Kenneth Clarke a revu ses prévisions en baisse, puisque le Trésor s'attend maintenant à une croissance de 2,5 % en 1996, avec une « accélération à 3,25 % en 1997 ». En attendant la vérification de ces hypothèses, la production industrielle est toujours languissante. Cette anémie de l'appareil productif pénalise le Trésor au niveau des rentrées fiscales, et contraint le chancelier à revoir une nouvelle fois à la hausse ses prévisions en matière de déficit budgétaire sur l'année fiscale en cours (1996-1997), désormais estimé à 27 milliards de livres, ce qui représente 3,5 % du PIB. Le Trésor table sur 23 milliards de livres pour 1997-1998, ce qui permettrait au déficit budgétaire de correspondre exactement à 3 % du PIB. Kenneth Clarke a également mis l'accent sur un point qu'il a correctement anticipé, à savoir la bonne tenue de la consommation des ménages. Après plusieurs années de très grande prudence, les Britanniques fréquentent à nouveau les magasins, et les plus pessimistes tablent sur une progression d'environ 3 % de la consommation des ménages cette année. Le chancelier de l'Echiquier compte sur elle pour justifier ses prévisions de croissance globale (la production industrielle ne représente que 30 % de l'activité économique), croissance sans laquelle il lui sera très difficile d'accorder des réductions d'impôt à l'occasion du budget « préélectoral » qu'il présentera au mois de novembre. Mais ses détracteurs, au premier rang desquels se trouve son homologue du shadow cabinet, Gordon Brown, ont beau jeu d'affirmer que cette reprise de la consommation risque de relancer l'inflation par la demande. La faiblesse actuelle de l'inflation constitue l'un des principaux motifs de fierté du chancelier, et lui a permis de « baisser quatre fois le taux de base depuis l'année dernière, pour le ramener à 5,75 % », comme il a pris soin de le rappeler hier. Michel Roland, à Londres
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