L'informatique redémarre en mode écologique

Vers le milieu des années 1990, l'informatique s'est embarquée dans une course à la puissance de traitement. Le départ a été donné par Intel et sa fameuse loi de Moore : à prix constants, la puissance des processeurs double tous les douze à dix-huit mois. Plus qu'une loi, ce fut un postulat qui s'est propagé dans tous les domaines de l'informatique : micro-ordinateur, serveur, système de stockage de données, réseau.Cette période correspond à l'émergence massive des technologies Internet et de l'impact multiplicateur qu'elles ont eu sur le nombre de données à traiter. On produisait donc des données, beaucoup de données ; il fallait être capable de les gérer, de les stocker et de les analyser. Une seule réponse semblait pertinente : l'augmentation des puissances de traitement et des capacités de stockage de données.On s'est donc appuyé sur les vertus de la loi de Moore pour construire des centres de données toujours plus puissants mais aussi toujours plus gourmands en électricité. Cependant, la facture énergétique, occultée dans l'équation de cette course à la puissance, est brusquement apparue en pleine lumière à la faveur de la hausse des prix du pétrole. Un centre de données est constitué de divers appareils qui chauffent, parfois beaucoup, et qu'il convient de refroidir si on souhaite les voir fonctionner correctement (avec la chaleur, la performance d'un circuit intégré diminue).serveurs énergivoresIl y a quinze ans, un rack de serveurs consommait 1 à 5 kWh. Depuis, avec l'arrivée des serveurs lames (qui s'enfichent comme une lame dans un fourreau), la consommation a été multipliée par 5. Or, comme il faut que la climatisation consomme 0,7 à 1 kWh pour refroidir un serveur qui consomme 1 kWh, on comprend que la capacité limitée du réseau électrique a été le principal frein à la poursuite de cette méthode.Le concept du « green IT » s'est alors rapidement imposé au début de la décennie. IBM, Dell, HP, Sun Microsystems et les intégrateurs de systèmes ont mis au point de nouvelle offres, souvent aidés par l'émergence de plusieurs technologies spécifiques comme la virtualisation des serveurs. Cette technique permet de remplacer une dizaine d'entre eux par une seule machine. Elle permet aussi de mieux utiliser les capacités de traitement des puces informatiques, ces dernières ayant appris à être économes en énergie. Toute la chaîne informatique s'est mise à faire plus en essayant de consommer moins. Même les systèmes de stockage, qui utilisent beaucoup d'électricité car les disques durs ne cessent de tourner, ont trouvé des moyens pour mieux ranger les données. Dernier en date, Cisco s'est invité à la table « green IT » en proposant un système basé sur des serveurs performants.Ces efforts sont louables, mais cela ne suffit pas. Aujourd'hui, plusieurs pistes sont explorées pour diminuer encore plus la consommation des centres de données. On cherche à mieux utiliser la puissance de traitement des serveurs, qui n'est jusqu'à présent utilisée qu'à moins de 15 %. On ne climatise plus globalement les salles mais on extrait la chaleur à la source. Une autre méthode, qui s'inspire du fonctionnement des super-ordinateurs, consiste à allouer dynamiquement les charges de travail là où le rapport consommation électrique/puissance de traitement est le meilleur. Le français Bull s'en est fait une spécialité.Pascal Boulard
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