« La crise renforce le phénomène de consommation raisonnée »

Vous suivez depuis des années les tendances en matière de consommation durable. Quelles sont-elles en ce moment ?La crise actuelle entraîne une baisse de la consommation liée à celle du pouvoir d'achat et à la volonté d'épargner. Mais elle accentue aussi le phénomène de la consommation raisonnée, qui implique de faire des arbitrages. Le consommateur choisit de plus en plus en termes de coût rapporté à l'usage, plus qu'en termes de possession.On constate également que les produits qui informent sur les aspects humains et environnementaux liés à leur fabrication se développent. D'où l'importance, pour les industriels, de fournir de l'information qualitative sur les process de fabrication. Quels sont les principaux freins au développement de la consommation responsable ?Le prix reste déterminant mais le « pouvoir d'achat » se précise. Si seulement un quart des Français disent vérifier quelle est l'entreprise qui est derrière ce produit et quelles sont les conditions de fabrication, cette demande va aller croissant. Pour le plus grand nombre ce ne sera pas encore un déclencheur d'achat. Mais cela contribuera à l'image qu'il se fait de la marque achetée. Les comportements varient-ils avec l'âge et le revenu des consommateurs ?Les personnes matures et les CSP+ [catégories socioprofessionnelles supérieures] se montrent les plus attentives aux impacts sociaux et environnementaux de leurs achats. Mais on constate un net développement des informations destinées aux plus jeunes, avec une forte composante pédagogique. On l'a notamment constaté sur le Salon de l'agriculture. Cela répond à une vraie attente des jeunes consommateurs et représente un enjeu majeur, notamment pour les distributeurs.Le consommateur attache aussi plus d'importance aux impacts directement liés à l'usage du produit [l'efficacité énergétique, par exemple], il remet la consommation dans le contexte de ses impacts. Comment évolue la confiance vis-à-vis des marques ?Elle est faible et continue de diminuer. Pourtant, on remarque que les actions de l'entreprise dans la cité, son comportement citoyen, intéressent le consommateur. Il s'attache plus à ce que les marques sont et font qu'à ce qu'elles disent. Elles ont donc intérêt à faire preuve de plus d'authenticité, et de moins d'arrogance. Quel type d'information l'intéresse le plus ?Jusqu'à présent, il est plus attentif aux informations concernant l'usage du produit et son effet sur sa santé qu'à l'impact du produit sur l'environnement. Celui-ci ne peut d'ailleurs pas toujours être retranscrit sur une étiquette mais, plus largement, être fourni par un système d'affichage. Par exemple, le poids en CO2 ne sera pas identique pour le même produit, puisque l'on tient compte de son lieu de fabrication et de distribution. Cette information devra donc être le fruit d'une nouvelle relation fabricant-distributeur. Voyez-vous émerger de nouveaux modes de consommation ?Nous voyons apparaître en effet de nombreuses initiatives en matière de location ou de partage. Leur modèle économique doit encore faire la preuve de son efficacité, mais elles créent du lien social, de la solidarité, de la créativité et permettent de se décoller peu à peu de la stricte possession. En ce moment, le consommateur a perdu sa boussole et a plus que jamais besoin d'être rassuré. Les nouveaux modèles de consommation proposés doivent donc être plus fluides, fondés sur des réseaux, dans un esprit de partenariat entre industriels et consommateurs, et surtout être attractifs ! nLes nouveaux modes de consommation génèrent du lien social, de la solidarité et de la créativité.
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