Querelle entre anciens et modernes sur le marché des changes

Les monnaies des pays dont les banques centrales ont adopté des politiques d'assouplissement monétaire quantitatif, via des achats de bons du Trésor à long terme, ont toutes bu la tasse, à des degrés divers, au cours des dernières semaines.Le yen, qui cumule le double handicap de rendements les plus bas du G7 et d'une gamme de pratiques monétaires non conventionnelles de la Banque du Japon particulièrement étendue, en a absorbé la plus grosse quantité. Et ce ne serait pas fini tant l'affaiblissement de la monnaie nippone est perçu comme la meilleure arme pour restaurer la compétitivité malmenée du Japon. La livre sterling, qui avait fait naufrage avant l'initiative de la Banque d'Angleterre de laisser tomber son taux directeur à 0,5 % et de se lancer dans l'assouplissement quantitatif début mars, a un peu mieux résisté mais reste à très bas niveau.Le dollar, lui, a connu sa semaine de plus violente baisse face à l'euro après le 29 février, date où la Fed a annoncé qu'elle rachèterait 300 milliards de dollars de titres de la dette publique américaine au cours des six prochains mois. Conseil de la BCEEt s'il s'est un peu ressaisi depuis sa rechute jusqu'à 1,3740 pour 1 euro, la monnaie unique étant la seule parmi les grandes à être encore partiellement épargnée par les remèdes non orthodoxes, le dollar est venu buter sur le seuil de 1,30, réactivant les prises de position vendeuses à deux jours du conseil de la Banque centrale européenne. L'attrait de l'euro pourrait grandement diminuer dès jeudi si la BCE annonce, comme on s'y attend, une baisse d'un demi-point à 1 % de son taux directeur.Les spéculateurs ont bien alors essayé de rejouer le franc suisse, valeur refuge ultime, en dépit des taux voisins de zéro dont il est assorti et bien que la Banque Nationale Suisse ait rejoint le clan des « quantitatifs ». Mais le risque est grand de la revoir sortir de sa réserve et intervenir sur le marché des changes pour affaiblir la monnaie helvète, comme elle l'avait fait début mars, en solo, pour la première fois depuis 1992.En quête d'un havre, les investisseurs se sont donc tournés vers les dernières grandes monnaies des pays dont les banques centrales seraient parvenues au terme du cycle d'assouplissement conventionnel. Les dollars australiens et néo-zélandais, assortis de taux de respectivement 3,25 % et 3 %, ont ainsi repris des couleurs. C'est aussi le cas des couronnes norvégienne qui rapporte 2 % et suédoise qui rapporte 1 %. La première s'est appréciée de 9 % face au dollar depuis début mars et la seconde de 13 %, toutes deux se revalorisant également vis-à-vis de l'euro.
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