Les mises en jachère renchérissent les céréales

Et si la crise économique ravivait la crise alimentaire ? Mis en avant depuis plusieurs semaines par la FAO, ce risque a été confirmé hier par le ministère de l'Agriculture américain. Très attendu, le rapport annuel de l'USDA (United States Department of Agriculture) sur les intentions d'emblavement pour 2009 a entraîné une forte hausse sur le marché des céréales. Et par voie de conséquence sur les oléagineux comme le soja, qui bondissait de 3,76 % à 9,38 dollars le boisseau hier sur le Chicago Board of Trade. Alors que les analystes spéculaient depuis plusieurs semaines sur les arbitrages à attendre entre soja et maïs, la surprise n'est pas venue d'une plante, mais des mises en jachère. Contre toute attente, les surfaces exploitées dans le premier pays exportateur de denrées agricoles au monde vont fortement reculer. Le recul devrait être particulièrement prononcé pour le maïs et le blé : 2 millions d'hectares cultivés dans ces deux céréales en 2008 seront mis au repos cette année, sur 130 millions cultivés lors de la dernière campagne. Pour le soja, principalement utilisé pour l'alimentation du bétail en raison de sa forte teneur en protéines, mais aussi pour son huile, les surfaces devraient rester quasiment inchangées, alors que le marché anticipait une augmentation importante après les aléas de production de l'oléagineux qui ont frappé l'Argentine et le Brésil. « La baisse des surfaces globales constitue une grosse surprise », constate Emmanuel Jayet, analyste à la Société Généralecute; Générale. L'augmentation du recours à la jachère aurait, selon lui, plusieurs explications. D'abord les prix des céréales qui se sont effondrés, passant de de 7 à 4 dollars le boisseau pour le maïs, ne sont guère engageants pour les agriculteurs. Les coûts de production des agriculteurs n'ont pas suffisamment baissé entre-temps. Ainsi les prix au détail des engrais restent élevés par rapport à la baisse des matières premières comme le phosphate. « Il faut se rappeler que les agriculteurs préfinancent leurs récoltes, en achetant les semences et les engrais. Si les banques les soutiennent moins, il n'est pas impossible que cela joue sur la taille des surfaces qu'ils exploitent », estime Emmanuel Jayet.Face à ce recul des surfaces emblavées, dans un premier temps, « la hausse des cours du maïs et du blé aux États-Unis devrait soutenir les prix des céréales en Europe », estime-t-on chez Agritel. Notamment, les stocks importants de blé et de maïs français pourraient s'écouler grâce à la hausse des prix. Mais le revers de la médaille tient dans les difficultés de production que pourraient rencontrer des pays comme la Russie, l'Ukraine et le Kazakhstan, de gros producteurs de blé. Car, si les agriculteurs américains se tournent vers la jachère pour des questions de financement, les pays moins développés risquent de faire pire. Un contexte qui pourrait raviver le rally des céréales de début 2008. Sur les autres matières premières agricoles exploitées aux États-Unis, la réduction de la taille des surfaces consacrées au coton a dopé la fibre blanche hier. Les balles de coton, dont les cours se sont effondrés de 40 % sur les six derniers mois, bondissaient de 2,5 % à 4,55 dollars la livre hier. Les surfaces cultivées en coton pourraient reculer de 7 % cette année.
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