118 milliards d'euros de dette en plus pour l'année 2008

Des chiffres qui donnent le vertige. L'Insee a publié hier sa première évaluation des comptes nationaux des administrations publiques pour 2008. Comme attendu, le déficit public, notifié à Bruxelles, s'est monté l'an dernier à 3,4 % du PIB. Une dégradation de 14,6 milliards d'euros par rapport à 2007 due essentiellement à l'État.La crise économique et le choix du gouvernement de ne pas compenser les moindres recettes, expliquent ce phénomène. Mais la statistique la plus effarante est à chercher du côté de l'endettement public. À la fin 2008, la dette au sens de Maastricht a atteint 1.327 milliards d'euros, soit une aggravation de plus de 118 milliards d'euros sur un an, ce qui ne s'était jamais vu. L'endettement public représentait donc, à la fin 2008, 68 % de la richesse nationale. Dans ses perspectives économiques de printemps, publiées il y a à peine quelques semaines, Bercy s'attendait d'ailleurs à un ratio un peu meilleur, à savoir 67,3 % du PIB.Dans un communiqué commun, la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, et le ministre du Budget, Éric Woerth, précisent que ce chiffre de 68 % « intègre, compte tenu de la classification retenue par l'Insee, les 13 milliards d'euros de dette de la Sfef [Société de financement de l'économie française, Ndlr] à la fin de l'année dernière. Hors Sfef, l'objectif de dette publique pour 2008 est atteint », soulignent les deux ministres. Plus globalement, ils s'efforcent de relativiser la portée des chiffres publiés par l'Insee en insistant sur le fait qu'alourdissement de la dette ne rime pas « nécessairement avec appauvrissement des administrations ». À l'appui de ce raisonnement, l'Insee indique que les mesures d'aides au secteur financier, prises à la fin de l'année dernière, n'ont eu qu'un impact limité sur la dette nette publique, de l'ordre de 1 milliard d'euros, alors même qu'elles contribuent à augmenter la dette brute notifiée à Bruxelles de 24,6 milliards d'euros.Mais au-delà du distinguo, l'aggravation du poids de la dette préoccupe nombre d'élus et de responsables politiques. Dans la majorité, le rapporteur général du Budget, le sénateur UMP Philippe Marini, note dans son rapport sur le deuxième collectif budgétaire que « le véritable enjeu n'est pas le solde public en 2009, mais son évolution et son impact sur la dette publique d'ici à 2012 ». Selon un scénario central de la commission des Finances du Sénat, le déficit public pourrait bien dépasser les 6 % du PIB en 2012. Dans ces conditions, la dette publique grimperait alors jusqu'à? 88,1 % du PIB, soit en quatre ans 20 points de plus !Sombre tableauDans ce sombre tableau des finances publiques, le gouvernement tente de trouver une raison de sourire du côté des dépenses publiques. En 2008, elles ont progressé de 3,7 %. Hors inflation, la hausse des dépenses est limitée à 1 %. Les esprits chagrins noteront également que 2008 marque la fin d'une séquence de trois ans durant laquelle le poids de la dépense publique n'avait cessé de se réduire. En remontant à 52,7 % du PIB, la dépense publique est revenue à son niveau de 2006. Quant à 2009, le risque est important de voir la dépense continuée à peser davantage dans la richesse nationale. D'ores et déjà, le gouvernement estime que, hors plan de relance et hors inflation, la dépense publique devrait accélérer de 2,2 %.
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