Rémunérations  : la polémique se déplace sur les retraites chapeaux

Après le mouvement d'indignation soulevé par l'attribution de stock-options ou de bonus à des entreprises aidées par l'État, la rémunération des dirigeants reste dans le collimateur de l'opinion publique mais se déplace sur les retraites chapeaux. Lundi, le site de « L'Express » a annoncé que le président de la Société Généralecute; Générale, Daniel Bouton, pourrait bénéficier à la liquidation de sa retraite d'une pension de près de 1 million d'euros par an. Dans un contexte de crise, face à ces montants, les politiques ont aussitôt réagi. Pour le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, « il ne s'agit pas de chercher un quelconque bouc émissaire, mais pour M. Bouton ça commence à faire beaucoup : entre l'affaire Kerviel et M. Bouton qui aujourd'hui est toujours là ; les stock-options auxquelles il a en définitive renoncé, et puis cette affaire-là? ». « Acharnement »François Sauvadet (Nouveau Centre) a souhaité dans la foulée que « l'existence même » des retraites chapeaux soit « remise en cause par une loi ». À la Société Généralecute; Générale, on affirme que Daniel Bouton est affilié à un régime pour les cadres de direction, « mis en place au début des années 1980 et fermé depuis », qui lui assurera une retraite totale, lorsqu'elle sera liquidée, de 58 % de son dernier salaire de dirigeant exécutif (en 2007), « soit environ 730.000 euros par an ». « On se demande s'il n'y a pas un acharnement contre la Société Généralecute; Générale, car ces systèmes de retraite existent depuis longtemps, ici comme dans d'autres groupes, réagit Michel Marchet, délégué CGT. Nous les avons dénoncés et cela n'avait fait réagir personne. Xavier Bertrand était il y a peu ministre du Travail et aurait pu prendre des mesures sur les rémunérations ».Les retraites chapeaux viennent compléter le montant de la retraite (base et complémentaire) des cadres dirigeants, afin que le montant de la pension atteigne au final un certain pourcentage, qui peut aller jusqu'à 70 % du dernier salaire. « Beaucoup de ces dirigeants n'en voient jamais la couleur, commente Chantal Giraud-Van Gaver, avocate associée chez Coblence, spécialiste de la rémunération des dirigeants. Pour en bénéficier, il faut en effet avoir l'âge de liquider sa retraite, être encore présent dans l'entreprise au moment du départ à la retraite et avoir une certaine ancienneté. » Cet outil propre à attirer et à retenir les dirigeants n'aurait plus le vent en poupe. « Depuis au moins cinq ans, les régimes de retraites chapeaux ferment les uns après les autres. Ces avantages sont considérés comme très élitistes ? ils sont de fait très confidentiels ? et extrêmement coûteux pour les entreprises qui doivent verser du capital années après années, poursuit Chantal Giraud-Van Gaver. Les entreprises préfèrent proposer des régimes à cotisations définies [épargne qui sera transformée en rente] pour un plus grand nombre de collaborateurs. Le sens de l'histoire, c'est de mettre fin aux retraites chapeaux. »
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