jours tranquilles de campagne à Wolfeboro

Aujourd'hui, c'est la fête à Wolfeboro : dégustation de gâteaux, promenade en calèche et concours d'épouvantails. Une tradition à cette époque de Halloween dans la campagne de Nouvelle-Angleterre, où se niche cette petite ville du New Hampshire. « D'habitude, nous empaillons un simple bonhomme dans un costume amusant, mais cette fois-ci, les élections nous ont fourni une idée », raconte Gregg Roark, le propriétaire du restaurant Garwoods, dans la « main street », la rue principale. Devant son établissement trônent deux formes, l'une représente un éléphant et l'autre un âne, symboles des partis républicain et démocrate. Le tout associé à un panneau « vote » au-dessus de la porte. « C'est notre façon à nous d'inciter les gens de la ville et les touristes à aller voter. Pour qui ils veulent. « Cette année, les enjeux sont encore plus importants que d'habitude », poursuit Gregg. Républicain dans l'âme, il ne cache pas ses doutes pour le scrutin du 4 novembre. La guerre en Irak, et maintenant la crise économique ont ébranlé ses certitudes. « Il est possible que je vote Obama », finit-il par lâcher. Wolfeboro serait-il en passe de basculer « à gauche » ? Dans ce cas, ce lieu historique de villégiature pour nantis rejoindrait le reste du New Hampshire. Cet État - qui connaît son heure de gloire à chaque saison électorale, du fait que les primaires qui s'y déroulent sont les premières du pays -, vote démocrate depuis quelques années. Après avoir soutenu George Bush en 2000, les électeurs se sont prononcés majoritairement en faveur de John Kerry en 2004 et ont confirmé leur nouveau penchant démocrate aux élections de mi-mandat, en 2006. Il en faudrait plus pour décourager John McCain. Venu faire campagne il y a quinze jours, le candidat républicain à la Maison-Blanche y a envoyé depuis ses amis politiques le représenter, et pourrait de nouveau s'y rendre ce week-end? Avec une recette simple pour reconquérir les esprits rebelles du New Hampshire : « Pas de hausses d'impôts avec un républicain à la Maison-Blanche ». Un sujet censé faire mouche auprès de ces électeurs chanceux : dans le New Hampshire, en effet, on paie l'impôt sur le revenu au niveau fédéral comme tout le monde, mais rien au niveau local. Pas étonnant que les fortunes de Boston ou de New York soient venues s'y installer? À Wolfeboro, les maisons en bois, qui dominent le lac Winnipesaukee, cachent mal, derrière des rideaux d'arbres, l'aisance de leurs propriétaires. Mais l'atmosphère se veut digne, classique, voire un brin surannée, avec des clochers en bois blanc étincelant sous le soleil d'automne. « Mes concitoyens me posent toujours la même question, confirme le démocrate John White, qui se présente à l'assemblée locale : les impôts vont-ils augmenter ? » Paradoxalement, John McCain ne tire aucun avantage de cette obsession. Selon de récentes études d'opinion, au niveau national, Barack Obama le devance de 14 points sur la question des impôts. Un comble, alors que McCain ne cesse de l'accuser de vouloir les augmenter ! Et à l'image du reste de la nation, les derniers sondages pour la présidentielle donnent à Obama une avance de 15 points dans le New Hampshire. Difficile cependant de savoir pour qui vont pencher les habitants de Wolfeboro. Certains préfèrent rester discrets. Dans une si petite ville, tout le monde se connaît après tout. tornade localeEt tout le monde se souvient de la tornade locale suscitée par le passage de la famille Sarkozy, à l'été 2006. Logé chez Michael Appe, un ancien cadre dirigeant de Microsoft, dans une énorme bâtisse au bord de l'eau, le président français a fait sensation. « Il est arrivé dans mon restaurant par le lac, escorté de bateaux de la garde maritime, c'était incroyable », raconte Gregg Roark, le patron du Garwoods, en souriant. Ce jour-là, le « French president » a commandé un cheese burger et son (ex-)épouse, Cécilia, une salade. « Mais ce jour-là, il y avait une autre star en ville : le gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, aspirant candidat à la présidentielle, qui possède une villa dans le coin », raconte Gregg. Célébrité nationale contre couple bling bling : la lutte était forcément serrée pour la scène locale. Une scène qui commence à souffrir de la crise, d'ailleurs. « Je connais des gens qui ont perdu jusqu'à 2 millions de dollars en quelques jours à Wall Street », soupire Dennis Schauer, un agent immobilier spécialisé dans les maisons de luxe. Dans ces conditions, les clients potentiels réfléchissent à deux fois avant d'acheter une résidence secondaire au bord du Winnipesaukee. Les prix ? 2 millions de dollars minimum la propriété ? ont déjà perdu 15 % à 20 %. Pas de quoi, cependant, redonner de l'espoir à ceux qui n'ont pas les moyens d'habiter en ville pour le moment. « Les gens qui travaillent dans les écoles ou les hôpitaux ont des revenus tout à fait modestes, note Mary De Vries, à la chambre de commerce. Incapables d'acheter ou même de louer sur place, ils sont à une heure de trajet. La hausse du prix de l'essence n'a pas arrangé leurs affaires. » « La vente de médicaments est un bon baromètre : certains retraités, qui n'ont que leur pension de la caisse publique, réduisent les doses pour les faire durer plus longtemps », souffle de son côté Yvette Ladd, la pharmacienne de Hall's Pharmacy. Wolfeboro aurait donc aussi ses pauvres ? Longtemps isolée des problèmes de l'Amérique d'en bas, voilà que la ville découvre la crise. John McCain pourrait se rendre à nouveau dans la région avec une recette simple pour conqué- rir les esprits rebelles pas de hausse d'impots.
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