1.000 chantiers pour relancer la France

C'est ce qu'on appelle un timing réglé à la baguette. L'encre des lois du plan de relance est à peine sèche que le chef du gouvernement, François Fillon, accompagné d'une quinzaine de ministres, va dévoiler plus de 1.000 projets financés par une partie des 26 milliards de ce plan (2,6 milliards de crédits pour les infrastructures, 1,5 milliard pour le logement). Ce sera chose faite à la mi-journée à Lyon, à l'occasion d'un comité interministériel d'aménagement et de compétitivité des territoires (CIACT).Deux mois après le discours de Nicolas Sarkozy à Douai, il a donc été procédé à une sélection d'investissements concernant les infrastructures de transport, la recherche, la culture, le logement ou l'enseignement supérieur? De moins d'un million d'euros à plusieurs centaines de millions, tous ces projets, qui devraient être suivis d'autres, répondent à un critère essentiel aux yeux de Patrick Devedjian : la rapidité du démarrage des travaux. C'est une véritable obsession chez lui. Ainsi, lors de son déplacement à Marseille vendredi, le ministre chargé de la mise en ?uvre de la relance demande plusieurs fois à un interlocuteur qui réclame de l'argent pour le Fonds régional d'art contemporain s'il est certain de pouvoir démarrer les travaux à temps? Au cas où un projet retenu dépasserait l'échéancier de trois mois, les crédits seraient retirés et attribués à un autre projet, choisi de préférence dans le même territoire géographique. Cette menace, sorte de « bombe atomique », est nécessaire, souligne le ministre, car « l'argent n'est pas là pour dormir sur un compte ».Soucieux de dépenser 75 % des crédits dont il est l'ordonnateur en 2009, le ministre assure que l'argent sortira des caisses de l'État dès cette semaine pour les projets les plus mûrs. Le hic, c'est que cette volonté d'aller vite colle parfois mal avec la réalité. Exemple : les sociétés d'autoroutes promettent de mettre vite en ?uvre des travaux d'aménagement. Elles s'engagent à étudier les dossiers avec toute la célérité nécessaire, pour les présenter à l'État en? septembre prochain. Autrement dit, pas de travaux vraiment réalisés avant 2010. De quoi alimenter les critiques traditionnelles des économistes anti-keynésiens, sur le timing défectueux des plans de relance, mis en ?uvre souvent trop tard, quand la reprise est là.Le contenu en emplois des investissements envisagés constitue un deuxième critère, le troisième étant l'effet multiplicateur attendu de la participation de l'État. Ces projets doivent aussi avoir une utilité. Il s'agit en général d'investissements prévus et anticipés mais qui doivent améliorer la compétitivité de l'économie locale. C'est ainsi, qu'il faut comprendre le coup de pouce accordé au Port maritime de Marseille (7,5 millions d'euros) pour deux chantiers ferroviaires à Fos-sur-Mer. Pour le gouvernement, la multiplication des chantiers sera la meilleure réponse à ceux qui minimisent l'impact de sa réaction à la crise. Malgré les critiques, voire les déceptions (lire ci-dessous) Patrick Devedjian défend le caractère non partisan de la démarche. Toutes les régions bénéficieront du coup de pouce de l'État sans distinction de couleur politique, affirme-t-il. Le ministre entend aussi communiquer en direction de Français perdus dans la jungle des milliards annoncés depuis des mois. Il crée un label. À côté des panneaux « Attention chantier », vont fleurir de nouvelles pancartes. à dominante rouge, elles signaleront que la restauration de Notre-Dame de Paris ou la construction de 11.000 logements sociaux en Rhône-Alpes sont à mettre au crédit du plan de relance. Anne Eveno
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