Franck Riboud, Pdg de danone  : « je ne suis pas venu à Davos avec la prétention de sauver la planète »

« Muhammad Yunus m'a demandé de venir cette année à Davos : il devait participer à une session consacrée au nouveau business social, source de croissance, et il m'a expliqué que l'un des meilleurs exemples à citer est celui de Danone au Bangladesh, associé à sa banque, la Grameen Bank, pour produire un yaourt vendu entre 6 et 8 cents d'euros, et apportant 30 % des nutriments aux enfants du Bangladesh. Pourquoi fait-on cela ? Parce que nous sommes convaincus que l'alimentation et la bonne nutrition sont non seulement essentielles pour la santé, mais aussi pour faire reculer la pauvreté. Mais attention : la charité, c'est bien, mais nous voulons mettre en place un modèle économique durable. À mes yeux, le bénéfice de l'entreprise ne se résume pas au résultat net par action ! Mon métier est de faire des profits pour les actionnaires, pour l'épanouissement de mes salariés, mais aussi de veiller à l'écosystème. Je dois donc convaincre mes actionnaires que, pour assurer le développement durable de Danone, il est important qu'on me laisse travailler en luttant par exemple contre les émissions de CO2 via la replantation de mangroves au Sénégal, ou sur un nouveau ferment de yaourt pour faire du « social business » au Bangladesh. Ce ferment permettra de développer un nouveau produit bien plus accessible en prix, susceptible de faire la croissance du groupe demain. Je ne suis pas venu à Davos avec la prétention de sauver la planète ! En revanche, je peux présenter les projets que je mène et, à cet égard, je n'ai pas attendu la crise pour changer le management au sein de mon entreprise. Prenez la question des bonus. Chez Danone, cela fait déjà trois ans que j'ai changé les bonus pour l'ensemble des managers. Désormais, ceux-ci sont calculés pour un tiers sur des critères sociétaux, comme l'environnement, pour un tiers sur des critères de management, et enfin pour le dernier tiers sur des critères économiques. Est-ce que, aujourd'hui, je dois arrêter ces programmes, à cause de la crise ? Non ! Il faut même les protéger : je suis convaincu qu'une entreprise qui ne poursuit que des objectifs financiers ne donne pas de sens à son quotidien. »
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