Le marché primaire actions pleure, celui de la dette rit

Vous avez dit « crise du crédit » ? Visiblement, pas pour tout le monde. Les banques, qui mettent en place les opérations sur les marchés de dette, ont engrangé des revenus de 4,4 milliards de dollars au premier trimestre, selon le cabinet Dealogic. C'est 18 % de plus qu'au premier trimestre 2008. Celles qui accompagnent les entreprises et les institutions financières sur le marché primaire de la dette de bonne qualité (notée par les agences en catégorie dite « d'investissement ») ont particulièrement profité de l'engouement des investisseurs pour le marché du crédit. Cette seule activité leur a en effet permis de dégager 2,4 milliards de dollars entre janvier et mars. Des revenus record qui correspondent à des volumes d'émission eux aussi hors normes : 875 milliards de dollars de dette ont été émis dans le monde depuis le début de l'année.L'émergence de la dette garantie par les États n'y est pas étrangère : elle représente environ un tiers des émissions (près de 400 milliards de dollars). La réticence des banques à monter des prêts syndiqués non plus (le volume de prêts syndiqués est en recul de 50 % par rapport au premier trimestre 2008). Ne pouvant mettre en place des prêts suffisants pour financer des acquisitions, Roche et Pfizer se sont ainsi tournés vers le marché obligataire. Les groupes pharmaceutiques y ont placé deux emprunts records : 39,5 milliards de dollars pour Roche et 13,5 milliards de dollars pour Pfizer.Chutes vertigineusesSur les autres marchés, les chutes sont plutôt vertigineuses. Les émissions d'actions de préférence (77 % de moins que l'année dernière) sont tombées à leur plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2000. Les volumes de produits structurés continuent de fondre comme neige au soleil (? 58 % à 60 milliards de dollars). Enfin, du côté des marchés actions, on n'avait plus vu un niveau d'activité aussi faible (toujours sur le primaire) depuis le premier trimestre 2003 (71 milliards de dollars, en recul de 44 % par rapport à l'année dernière). L'évolution des revenus est à la mesure de cet effondrement. Au premier trimestre, les rares introductions en Bourse (seules deux d'entre elles dépassent les 100 millions de dollars, dont celle de Mead Johnson de 828 millions de dollars) et les augmentations de capital ont rapporté 1,9 milliard de dollars aux banques. Ce qui représente tout juste 30 % du revenu total généré par les marchés de capitaux (voir graphique).De leur côté, les émissions d'obligations convertibles ont timidement repris. Selon Dealogic, elles ont atteint 3,3 milliards de dollars aux États-Unis (en recul de 81 % par rapport à 2008) et 1,9 milliard de dollars en Europe, où le marché vient tout juste de rouvrir avec une opération d'ArcelorMittal d'un montant équivalent à 1,7 milliard de dollars. Sophie Rolland
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