Bisbilles commerciales entre New Delhi et Pékin

L'Inde et la Chine vont essayer « d'éliminer les petits problèmes irritants qui s'insinuent dans les relations économiques et commerciales » entre les deux pays : c'est ce qu'affirme le communiqué publié voici quelques jours à l'issue de la visite à New Delhi du vice-ministre chinois du Commerce, Zhong Shan. Car « irritants » il y a. En février dernier, l'Inde a imposé un embargo de six mois sur les jouets fabriqués en Chine. Ce dernier pays a riposté en évoquant la question la semaine dernière à l'Organisation mondiale du commerce. L'Inde met désormais en avant le respect de normes de sécurité qui s'imposeront à tous les fabricants, chinois, indiens et autres?déséquilibre commercialDe nombreuses autres tensions sont apparues entre les deux géants asiatiques. Le gouvernement indien s'inquiète de l'aggravation constante du déséquilibre commercial entre les deux pays. Sur l'année budgétaire 2007-2008, à fin mars, l'Inde a importé 27,1 milliards de dollars de Chine, mais n'a vendu que 10,8 milliards. En plus, la Chine achète à l'Inde surtout des matières premières et du minerai, tandis qu'elle lui vend des machines, des produits électroniques, etc. Pourquoi un tel succès commercial chinois en Inde ? « Nos industriels pensent que les Chinois vendent en dessous de leurs prix de revient », affirme-t-on dans l'administration indienne. Une analyse partagée par Nagesh Kumar, directeur général du centre d'études des relations économiques internationales RIS : « Avec la chute de la demande en Occident, il y a maintenant de très grosses capacités excédentaires en Chine. Ça amène les industriels chinois à vendre en dessous de leurs coûts. Quand on voit que les importations hors pétrole ont bondi de 36 % sur les six derniers mois, en période de ralentissement économique, on ne peut que s'interroger. »tentations protectionnistes L'Inde estime aussi que le marché de son voisin n'est pas aussi ouvert qu'il le devrait. Lors de la réunion bilatérale de la semaine dernière, New Delhi a donc instamment demandé à ses interlocuteurs de lever les barrières à l'importation de produits pharmaceutiques et de certains produits agricoles indiens.Globalement, les deux pays estiment pouvoir régler leurs différends entre eux. Mais en période de crise globale, les tentations protectionnistes restent fortes. « Quand l'Occident est en récession et que l'économie indienne continue à croître à 6 ou 7 %, il est tentant pour les autres pays de se concentrer sur nos marchés », souligne le directeur général du RIS selon qui les autorités indiennes ne peuvent se désintéresser des difficultés des industriels nationaux. n
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