Patate chaude

Sweet bureauQuand j'ai pris ce service, on m'avait prévenue. Je passerai le plus clair de mon temps à mettre du lien, à arrondir les angles. Plutôt à jouer les casques bleus, m'a même dit Jean-Pierre. Il ne m'a pas fallu plus de deux heures pour me rendre compte que le problème, c'était Lucie. Elle n'arrête pas de faire des salades et des embrouilles. À chaque moment de répit, elle repart à l'attaque et fait monter la sauce.C'est la championne du monde des emmerdeuses. C'est aussi mon adjointe.Elle commence le matin. Elle choisit sa proie quand elle arrive, elle pique dessus et elle ne la lâche pas jusqu'à ce qu'elle perde son sang-froid, jusqu'à ce que tout parte en vrille. J'ai vite compris pourquoi l'équipe ne rattrape jamais son retard, pourquoi les arrêts maladie se multiplient. Je devais m'en débarrasser, absolument et au plus vite.J'étais nouvelle, j'ai présenté mes idées sur le management. J'étais embauchée pour développer la transversalité de mes équipes. Il était nécessaire que chacun connaisse le travail des autres services pour évoluer.on s'est repassé LucieLe DRH a saisi la balle au bond. Il a proposé à Lucie de faire profiter le service export de ses compétences. C'est un bon service pour Lucie. Ils passent leur journée au téléphone, ils n'ont pas le temps de faire des histoires. Lucie a accepté sans tiquer. Elle a même paru fière d'être la tête de pont de la polyvalence, l'avant-garde de la transversalité.À l'export, ils n'ont pas tenu plus de quinze jours. Quand vous êtes obligé de parler allemand, anglais ou chinois, c'est vraiment usant de s'engueuler en français. Les clients ont commencé à se plaindre. Ça n'a fait ni une ni deux : Lucie a quitté l'export. On s'est repassé Lucie, elle a semé sa polyvalence et la zizanie de bureau en bureau. Elle a fini par faire le tour de la boîte. Le DRH n'a rien trouvé de mieux que de la renvoyer à la case départ. J'ai bien tenté de m'y opposer. Ma véhémence a été considérée comme de l'hystérie. Lucie continue d'inoculer son mauvais virus. Moi, c'est décidé, je ne l'attraperai pas. Je compte les jours avant de reprendre ma liberté.
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