La prévention, cette incomprise

éditoParmi tous les dictons moralisateurs de la sagesse populaire, « mieux vaut prévenir que guérir » est l'un des plus exaspérants. On ne peut s'empêcher d'entendre d'un côté « je te préviens », formule lourde de menaces, et de l'autre « je te guéris », une promesse pleine de douceur. Sémantiquement, c'est une antiphrase. Comment s'étonner alors que la prévention soit un exercice si difficile ? Après un accident, une catastrophe, une épidémie, chacun se découvre favorable à la prévention, et prêt à accuser les irresponsables qui n'ont rien fait. Mais quand il s'agit de la mettre en ?uvre a priori, c'est une autre histoire. On le voit avec la grippe A. Les autorités préparent le pays à une pandémie dans un grand déploiement de savoir-faire administratif ; les médias racontent les préparatifs et comptent les cas. Le soupçon n'est jamais loin : n'en font-ils pas trop ? « Cette grippette », comme le dit le professeur Bernard Debré, vaut-elle tous les efforts mis à la combattre ? Roselyne Bachelot, avec ses accents de général en campagne, agace ou fait sourire. Les théoriciens du complot subodorent une subvention déguisée aux grands labos pharmaceutiques, et un mauvais coup de plus contre l'hôpital dont le manque de moyens est patent. Dans certaines grandes entreprises, on jette les cartons pleins de masques stockés au moment de la grippe aviaire pour faire de la place aux nouveaux? On ne saura peut-être jamais si cette débauche de moyens, en organisation et en argent, aura servi à quelque chose. L'efficacité de la prévention peut se mesurer quand il s'agit d'accidentologie routière ou de lutte contre le sida. Mais pour une épidémie de grippe, si elle n'a pas lieu ? Ce qu'on sait, c'est que la France déplore à ce jour 1 mort et 1.022 cas de grippe A en trois mois, tandis que le Royaume-Uni, pays comparable, a eu 200.000 malades et 27 morts. Les déplacements de personnes ne sont pas une explication : la France a été la 3e destination des voyageurs en provenance des zones touchées comme le Mexique, le Canada ou les États-Unis, le Royaume-Uni la 11e seulement. On peut évoquer le climat plus humide outre-Manche, la densité de population plus grande, le fait que l'année scolaire y dure jusqu'à la mi-juillet. Mais rien ne permet d'exclure que la réaction rapide ? et peut-être exagérée ? des autorités françaises ait eu des effets bénéfiques pour la santé des populations. Barack Obama, qui croit à la prévention, en a fait un axe majeur de sa politique de santé. Face à lui, un mur d'incompré[email protected]
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