Les banques espagnoles volent au secours des foncières

L'irruption des banques créancières dans le capital des sociétés foncières pour éviter le dépôt de bilan semble désormais à la mode en Espagne au sein d'un secteur immobilier asphyxié par ses dettes. Après Inmobiliaria Colonial, c'est cette fois Metrovacesa qui était sur le point, hier après-midi, d'annoncer à la CNMV, le régulateur boursier, la signature d'un accord de ce type avec les six ténors de la finance espagnole : le Santander, le BBVA, le Popular, Banesto, La Caixa et CajaMadrid. Ils transformeront leurs créances en participations et recevront chacun quelque 9 % des titres, acquérant donc ensemble une position de contrôle avec 54 % du capital. L'actuel actionnaire majoritaire, la famille Sanahuja, qui devra en sus céder divers actifs immobiliers, verra ainsi sa participation au sein de Metrovacesa réduite de 80 % à 26 %.coûteuse acquisitionComme toutes les foncières espagnoles en difficulté, Metrovacesa avait procédé peu avant la crise financière, avec un fort effet de levier, à une coûteuse acquisition garantie par les titres achetés : celle du siège londonien de HSBC. Metrovacesa s'était d'ailleurs résignée il a quelques jours à proposer la revente de l'immeuble à la banque avec une moins-value de 300 millions d'euros (lire « La Tribune » du 1er décembre). Ce n'était pas là, tant s'en faut, sa seule grosse dépense : en 2006, une dure bataille avait opposé la famille Sanahuja et le président de Metrovacesa, Joaquín Rivero, pour le contrôle de l'entreprise. Elle avait abouti en février 2007 à une scission : les premiers conservaient une Metrovacesa limitée désormais aux actifs espagnols, et le second prenait possession, avec Gecina, des actifs français. La complexe opération avait contraint les Sanahuja à lancer une coûteuse offre publique d'achat sur l'ensemble des titres de Metrovacesa.Aujourd'hui exsangue après cette phase dispendieuse, la compagnie était à la merci de ses créanciers, qui ont préféré prendre les rênes de l'entreprise plutôt que d'accepter dans le secteur un nouveau dépôt de bilan : venant après ceux, notamment, de Martinsa et Habitat, il risquait d'accélérer dangereusement la croissance des crédits douteux et impayés, qui ont déjà presque triplé en un an. forte expositionD'autant que l'exposition des entités financières espagnoles aux foncières est lourde : selon les derniers chiffres de la Banque d'Espagne, au 30 juin dernier, les 313,2 milliards de crédits consentis au secteur immobilier représentaient 31,6 % du total du volume de crédits, un pourcentage qui a pratiquement triplé depuis 2000 avec le « boom » de ces dernières années. Si l'on y ajoute la construction, on constate que 47,3 % des crédits sont de près ou de loin liés à la brique. Et les pourcentages sont plus élevés encore si l'on s'en tient aux seuls crédits douteux et impayés : 39,5 % d'entre eux sont concentrés dans l'immobilier, et même 60 % si l'on y ajoute la construction. De quoi expliquer la réticence des banques espagnoles à se résoudre à une vague de cessation de paiements qui les laisserait avec un énorme volume d'actifs immobiliers sur les bras ! n++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n signature++BSF ++© Ana Laura CASTRO/REA
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