5.500 chômeurs espagnols de plus par jour

Les chiffres mensuels du chômage en Espagne se suivent et se ressemblent : ils sont tous catastrophiques. Ceux d'hier n'ont pas failli à la règle : 154.058 nouveaux demandeurs d'emploi en février (soit une hausse de 4,6 %), c'est-à-dire 5.500 de plus chaque jour. Maigre consolation : c'est un peu moins que les 6.400 quotidiens de janvier. Ces données confirment que s'il est un domaine où la récession affecte davantage l'Espagne que ses voisines, c'est bien celui de l'emploi. Et ce, vu les vulnérabilités de son marché du travail, fruit du modèle de développement de ces dernières décennies. Plus particulièrement depuis la dure reconversion industrielle des années 1980, qui allait déboucher sur un taux de chômage de plus de 24 % de la population active.Face au risque d'explosion sociale, la priorité fut alors essentiellement quantitative : créer des emplois massivement en misant sur des secteurs intensifs en capital humain, comme la construction et les services liés au tourisme. aucune formation Les impératifs de productivité furent négligés, une défaillance dangereuse dans un pays intermédiaire comme l'Espagne qui, à niveau international, ne peut plus être compétitive grâce à ses seuls coûts salariaux.Ce modèle s'est soldé par la création de 8 millions entre 1995 et 2007, un record dans l'UE. Mais des emplois de faible qualité, dont beaucoup temporaires : aujourd'hui, près de 10 % d'entre eux ne supposent aucune qualification professionnelle, tandis que 21 % correspondent aux catégories « techniciens et professionnels ». Le problème s'accentua encore avec le boom de la construction qui, malgré le fort assainissement du secteur, concentre encore aujourd'hui 11 % de la population occupée. À quoi s'ajoutent les déficiences du système éducatif, avec un des plus forts taux européens d'abandon des études secondaires, et une insuffisance de la formation continue. Sans compter le poids d'une population immigrée dont le niveau d'études est, en moyenne, clairement inférieur à celui des travailleurs espagnols. Autant de facteurs qui expliquent la cyclothymie de ce marché du travail espagnol qui, en quelques années à peine, semble passer au sein de l'UE de modèle à repoussoir !Thierry Maliniak, à Madrid
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