Jean-Claude Trichet va devoir s'expliquer

Le marché a capitulé : seuls 3 des 85 économistes du panel de l'agence Reuters anticipent encore une baisse des taux de la Banque centrale européenne ce jeudi, à l'issue de son conseil. Il faut dire que son président a, lui-même, pratiquement fermé la porte à un tel geste pour février, fixant « un rendez-vous important » en mars, lorsque seront connues les nouvelles prévisions des services statistiques de la banque centrale de Francfort.En revanche, les chiffres du panel s'inversent s'agissant du mois suivant : les sages de la BCE laisseraient tomber le taux de refinancement à un plancher historique de 1,75 %, contre 2 % actuellement après 225 points de base de réduction depuis octobre. On trouve même une très large majorité pour tabler sur une détente d'un demi-point à 1,5 % à cet horizon, le loyer de l'argent refluant jusqu'à 1 % d'ici à juin, ce qui constituerait le point bas du cycle. Quelques audacieux avancent, tel Goldman Sachs, que le taux directeur de la BCE refluera jusqu'à 0,5 % au troisième trimestre, mais c'est faire fi d'une récente déclaration de Jean-Claude Trichet soulignant les dangers d'abaisser les taux trop près de zéro. à l'instar de ceux pratiqués par la Réserve fédérale américaine, la Banque du Japon et vraisemblablement bientôt la Banque d'Angleterre, qui devrait dès aujourd'hui réduire son taux directeur d'un demi-point à 1 %. Goldman n'aurait raison que si les rangs des colombes de la BCE se renforcent, pour endosser la position de son représentant chypriote, Athanasios Orphanides. Cet expert réputé des questions monétaires s'est dit favorable à une baisse des taux agressive dès lors que l'inflation tombe de façon significative en dessous de l'objectif qui lui est assigné, estimant qu'il est inutile, voire dangereux, de conserver des munitions en réserve.CLARIFICATIONLe clivage qui s'intensifie au sein du conseil des gouverneurs va donner un relief particulier à la prestation mensuelle de Trichet devant la presse à l'issue du conseil. Non seulement il devra se prononcer ? ou répondre aux questions ? sur l'ampleur des réductions de taux à attendre, ayant indiqué le mois dernier que le seuil de 2 % n'était pas un butoir. Mais il devra aussi clarifier les intentions du conseil concernant l'éventuel recours à des mesures non conventionnelles pour relancer une machine économique et financière à bout de souffle. Contrairement aux États-Unis ou au Japon, l'assouplissement dit quantitatif se heurte à des obstacles particuliers dans la zone euro, rassemblant des pays souverains, définissant indépendamment leurs propres politiques budgétaires et dont les marchés obligataires sont fragmentés.Isabelle Croizard
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