Eurotunnel verse son premier dividende

Eurotunnel prend sa revanche. Blâmé de toutes parts depuis 23 ans pour son incapacité à dégager des bénéfices, le concessionnaire du tunnel sous la Manche ? qui a présenté ses résultats annuels hier ? a annoncé le versement du premier dividende depuis sa création en 1986. Un pied de nez aux critiques de tous bords, à l'heure où la crise économique contraint nombre d'entreprises à réduire, voire à supprimer leurs dividendes. « La page des difficultés financières se tourne. Eurotunnel va bien », s'est félicité son PDG, Jacques Gounon. Certes, le dividende qu'Eurotunnel proposera lors de l'assemblée générale du 6 mai prochain, au titre de 2008, se limitera à 4 centimes d'euros. Mais il s'agit d'un symbole fort pour les actionnaires du groupe, après plus de vingt ans de diète. À tel point que le cours de Bourse de l'exploitant du tunnel sous la Manche a bondi de 25,7 %, hier en séance, à 2,80 euros par action.Si Eurotunnel peut enfin rémunérer ses actionnaires, c'est parce que le groupe est devenu bénéficiaire. En 2007, la société avait dégagé le tout premier bénéfice de son histoire, un bénéfice symbolique de 1 million d'euros, grâce à une restructuration financière qui avait sauvé le groupe de la faillite, en réduisant de moitié sa dette, et en diminuant du même coup les charges financières qui plombaient les résultats. En 2008, les charges financières ont encore baissé, de 2 %, à 249 millions d'euros, grâce à une dette nette ramenée sous la barre des 4 milliards d'euros. À 3,5 milliards d'euros, la dette nette ne représente plus qu'une fois les capitaux propres. « La dette n'est plus un problème », se réjouit Jacques Gounon.concurrence féroceRésultat, le groupe peut désormais remplir son rôle de machine à cash. Le bénéfice net a atteint 40 millions d'euros l'an dernier. Et l'excédent brut d'exploitation a crû de 5 %, à 421 millions d'euros. Un montant supérieur de 16 % à l'objectif fixé dans le plan de sauvegarde mis en ?uvre en 2007. Ces performances sont d'autant plus spectaculaires que l'incendie survenu le 11 septembre dernier dans le tunnel sous la Manche a réduit de 50 % la capacité de transport des navettes passagers et camions au quatrième trimestre 2008, navettes qui ne représentent pas moins de 61 % du chiffre d'affaires d'Eurotunnel, ressorti à 704 millions d'euros en 2008, en recul de 2 % seulement. Grâce à l'optimisation de l'offre de transport restante, les baisses du trafic des camions et de celui des voitures n'ont pas excédé 45 % et 37 %, au dernier trimestre 2008. De plus, si l'incendie a coûté 200 millions d'euros environ au groupe, celui-ci était couvert par son assurance à hauteur de 900 millions, sur le plan des pertes d'exploitation et des dommages matériels. Enfin, l'ouverture du second tronçon de la ligne à grande vitesse entre le tunnel et la gare Saint-Pancras de Londres a profité au trafic ferroviaire passagers. Quant au fret ferroviaire, il a cessé de décliner.Le problème de l'incendie réglé, quid de l'impact de la crise économique sur l'activité d'Eurotunnel?? « Le marché des navettes passagers tient bien », a assuré Jacques Gounon, davantage préoccupé par le trafic des camions. De l'aveu du dirigeant, son prochain défi réside dans la reconquête des groupes de transport terrestre partis à la concurrence après l'incendie. La concurrence, c'est essentiellement celle des ferries, dont on peut craindre qu'ils se lancent dans une guerre des prix. « Je veillerai à ce qu'ils ne vendent pas à perte et ne reçoivent pas de subventions publiques », assure un Jacques Gounon déterminé à garder son groupe rentable en 2009.
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