Martine Aubry fête ses cent jours rue de Solferino, avec l'espoir que son épopée ne se termine pas par un Waterloo aux européennes de juin. Les sondages créditent le Parti socialiste d'environ 23 % des voix, en deçà du record de 2004 (28,9 %). Mais ses proches estiment que dépasser les 20 % permettrait à la patronne du PS d'entrer dans le club des présidentiables pour 2012. Martine Aubry entend donc s'impliquer « pleinement » dans une campagne qui démarre pourtant dans la confusion, en raison des déchirements suscités par la constitution des listes dans les huit circonscriptions européennes.La désunion concerne principalement les courants de Royal et Delanoë. Le parachutage de Vincent Peillon, animateur du courant « royaliste », dans le Sud-Est, a provoqué la fureur d'un autre partisan de la présidente de Poitou-Charentes, le maire de Lyon, Gérard Collomb, qui prédit une « fronde ». François Rebsamen, l'un des lieutenants de Ségolène Royal, a regretté « la logique affreuse des courants » qui a présidé à l'élaboration des listes.Les alliés de Bertrand Delanoë l'avaient rejoint pour le congrès de Reims, où le maire de Paris a été lourdement défait. Aujourd'hui, ils prennent peu à peu leurs distances, à l'image de l'ex-premier secrétaire du PS, François Hollande. Pierre Moscovici a jugé que les partisans de Bertrand Delanoë, au premier rang desquels Harlem Désir, tête de liste en Île-de-France, agissaient « trop souvent à leur bénéfice exclusif ».Ces frictions entre ses anciens adversaires de congrès contribuent certes à renforcer Martine Aubry au sein de l'appareil du parti, mais sont lourdes de danger. Les militants doivent se prononcer le 12 mars sur les listes européennes, avant le lancement de la campagne le 21 mars.Un outil de choixPendant que Martine Aubry bataille pour s'imposer à la tête du PS, Ségolène Royal poursuit son chemin singulier. Elle interviendra dans la campagne des européennes si la direction du parti le lui demande, mais estime que la page de Reims est définitivement tournée. L'ex-candidate à la présidentielle préfère se concentrer sur son duel à distance avec Nicolas Sarkozy. Elle sera début avril à Dakar pour un discours « sur l'Afrique » et prépare des interventions publiques sur les universités ou l'Otan. Dans le même temps, Ségolène Royal renforce son association Désirs d'avenir, notamment via Internet, pour créer des « réseaux sociaux de proximit頻. Un outil de choix pour une future campagne électorale. HELENE FONTANAUD

latribune.fr

17 Mars 2009, 10:46

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