Les exclus du crédit-conso de plus en plus pénalisés

Entamée en octobre, la chute du crédit à la consommation se poursuit à vive allure. Sur le premier trimestre, la production a baissé de 12?% chez Laser, filiale commune de BNP Paribas et des Galeries Lafayette. Et encore, souligne Philippe Lemoine, « s'il n'y avait pas eu la prime à la casse, la baisse aurait été plus brutale ». Si Laser a réussi à accroître son chiffre d'affaires de 8,8 % l'an dernier, la baisse globale de la production de ces crédits inquiète car elle précède celle de la consommation. Dans ce contexte, et devant l'augmentation du coût du risque qui constitue un indicateur avancé de l'état de l'économie, il faut s'attendre à une dégradation encore accrue. « Nous avons certes un peu plus de dossiers d'impayés, mais ils sont de plus en plus graves. En outre, on observe qu'il y a de plus en plus de personnes qui ont des revenus irréguliers face à des dépenses qui, elles, sont régulières », observe Philippe Lemoine. De fait chez Laser, comme chez l'ensemble des acteurs du crédit à la consommation, les conditions d'octroi de crédit sont rendues plus difficiles, et le système de sélection (scoring) évacue de plus en plus de gens susceptibles d'avoir besoin d'un crédit.double paradoxeC'est d'ailleurs l'un des enjeux de la réforme que les parlementaires examineront à partir du mois prochain. Élargir l'accès au crédit en limitant les excès dus à de mauvais usages. Parmi ceux-ci, le recours au crédit renouvelable pour les populations dont les critères ne permettent pas d'avoir accès au crédit classique. Le paradoxe est double : d'une part, les personnes qui n'ont pas accès au crédit parce qu'elles sont considérées comme précaires doivent payer des frais 10 points de base supérieurs (0,1 %) à ceux du crédit à la consommation. D'autre part, note Philippe Lemoine, « les deux critères essentiels dans le scoring sont la stabilité professionnelle (être en CDI) et familiale. Or, en période de crise, ces deux éléments se dégradent, donc automatiquement la base de ceux qui ont accès au crédit à la consommation se réduit ».Certes, la part du volume des prêts dits non amortissables en France (29?%, soit 41 milliards) est beaucoup plus faible que dans le reste de l'Europe (souvent 50?%). Pourtant, 40?% des Français n'ont pas accès au crédit à la consommation. Parmi eux, explique Philippe Lemoine, « 25?% sont des gens qui ont un travail, un compte bancaire, une famille. Il est important que l'on puisse améliorer les critères de sélection pour mieux les appréhender et leur donner accès au crédit à la consommation ». Une façon de relancer l'économie ? Guénaëlle Le Solleu
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