Les enseignes d'habillement trinquent

Pas un marché européen n'échappe à la baisse de la consommation d'habillement. En France, elle se chiffre à 2,8 % en euros constants entre janvier et septembre 2008, selon les derniers chiffres de l'Institut français de la mode. Outre-Manche, le recul des ventes en volume est de l'ordre de 2,3 % sur le mois de septembre 2008 par rapport à août. L'Italie est en plein marasme. Dans un pays où parader vêtu des dernières tendances est le sport national, la consommation accuse un recul de 3,6 % sur un an. Et en Espagne, le chiffre d'affaires des enseignes non alimentaires présentes dans les centres commerciaux pourrait reculer de 5 % à 15 % par rapport à l'an dernier.Les distributeurs de mode en sont pour leur frais. Marks & Spencer chute (voir ci-contre). L'espagnol Inditex, numéro un européen, est chahuté sur son marché domestique, où il réalise environ 38 % de son chiffre d'affaires. Le groupe aux 3.940 magasins à travers le monde affiche un petit 1 % de croissance de chiffre d'affaires à fin juillet à périmètre comparable, sur les six premiers mois de son exercice 2008. Il lui sera fort difficile d'atteindre les 4 % de croissance prévus sur l'année, jugent les analystes financiers. À tel point que certains de ses marchés étrangers pourraient être victimes de coupes budgétaires. Dont la France, où le groupe pourrait renoncer à quelques ouvertures. Il se murmure que C&A ferait aussi de même. Contactée par « La Tribune », la direction de l'enseigne germano-néerlandaise n'a pas donné suite à nos appels.gel des expansionsIl est loin désormais le temps où toute enseigne d'habillement annonçait s'implanter en dehors de ses frontières, budgéter 10 à 15 inaugurations de magasins par an et autant de rénovations. « Aucun facteur ne laisse penser à une amélioration dans les mois à venir », juge Lucien Odier, président de la Fédération des enseignes de l'habillement. Faute de visibilité sur la santé de la consommation dans les mois à venir, l'heure est donc à la prudence, à la gestion au plus serré, voire au gel d'expansion. Fini l'âge d'or. « Même les grandes enseignes internationales font désormais preuve d'une extrême sélectivité dans le choix de leurs implantations?! », reconnaît le représentant d'un gestionnaire international de centres commerciaux. Les délais de négociation de nouveaux baux commerciaux s'allongent. « Et surtout, l'attitude des bailleurs et agents d'immobilier commercial change à l'égard de leurs locataires?! Ils viennent à nous. Et ils nous regardent à nouveau comme des clients », ironise un cadre chargé de l'expansion d'une enseigne de mode.Cette crise de la consommation d'habillement ébranlera les valeurs locatives dans les centres commerciaux où H&M, Zara et autres New Look font figure de locomotive. « Les enseignes vont négocier plus âprement leur loyer », reconnaît un expert en immobilier commercial. Et ce, d'autant que la crise financière prive certains groupes des lignes de crédit nécessaires à leur développement débridé. « La remontée des taux d'intérêt, parallèle à la baisse des rendements, pourrait étrangler des enseignes », analyse un négociateur en immobilier. Et notamment celles rachetées il y a quelques années lors d'un LBO par des fonds d'investissement. Leur stratégie tablait alors sur une progression mécanique d'activité par ouvertures de magasins tous azimuts?
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