La CIA dans tous ses états

Le nouvel opus de Ridley Scott complète la longue série de films américains qui se confrontent depuis deux ans à l'Irak et à la politique américaine au Proche-Orient. Hollywood a pris position : il faut faire la guerre à la sale guerre. Même si ces sujets ne sont pas toujours synonymes de succès dans les salles. L'histoire ? Un agent de la CIA en poste à Amman, en Jordanie, traque une nouvelle tête du terrorisme qui frappe l'Occident à coup d'attentats contre des civils. L'agent camouflé travaille sous les ordres d'un vétéran qui tire les ficelles depuis le sol américain, avec son ordinateur, son écran géant et son téléphone portable pour seule panoplie. Entre les deux hommes, le jeu va vite, la mort rôde, il faut déjouer tous les pièges à l'aide des satellites et des moyens sophistiqués dont dispose l'Oncle Sam et la puissante CIA, si controversée depuis le 11 septembre 2001. « Mensonges d'État » est l'adaptation du récit d'un journaliste américain qui a suivi pendant dix ans les opérations de terrain pour le compte du « Wall Street Journal » et du « Washington Post ».cynisme de WashingtonC'est le scénariste des « Infiltrés » de Martin Scorsese, William Monahan, qui a signé une adaptation méticuleuse et haletante pour que le spectateur ne perde jamais pied dans ce récit foisonnant, où les leurres sont légion?Le trio constitué par Ferris, l'agent de terrain, Ed Hoffman, le « patron » froid et cynique embusqué à Washington, et Hani, le chef du renseignement jordanien qui pactise un moment avec l'Amérique (formidable et énigmatique Mark Strong), devient le miroir fascinant des drames contemporains qui endeuillent la planète. Ridley Scott transforme en opéra visuel tous les sujets qu'il touche, de la Somalie de « la Chute du Faucon Noir » à la Jordanie de « Mensonges d'État ». Même lorsqu'il s'inscrit dans l'actualité brute de nos JT, son savoir-faire reste éblouissant.Et c'est Leonardo DiCaprio qui endosse l'habit du héros surdoué capable de déjouer les ruses moyen-orientales les plus sophistiquées. Métamorphosé, il parle les rudiments de l'arabe aussi bien que l'anglais dans ce tournage accueilli par le Maroc.Aux prises avec le bourbier irakien, Ferris-Di Caprio plonge dans l'ère de Jack Bauer. Le triomphe planétaire de la série « 24 heures chrono » a familiarisé les spectateurs avec la brutalité des services secrets et de leurs méthodes. Ridley Scott l'a compris avec ce film où l'action prime sur la réflexion, tout en posant les bonnes questions. suspense implacableLe cocktail final (torture-amour) respecte la loi du genre, mais sans invraisemblance. Le tandem Russell Crowe (le boss) Leonardo DiCaprio (l'agent secret) ménage un suspense implacable face au sourire de la belle actrice iranienne Golshifteh Farahani. N'ayez pas peur du sujet : Ridley Scott garde toute sa maîtrise, et son film n'est pas en retard d'une guerre. Hélas. Michel PASCAL
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