Cinq questions clés sur le plan

I ? La croissance sera-t-elle stimulée ? Selon les économistes interrogés par « La Tribune », l'effet de ce plan sur la croissance sera modéré. Si le gouvernement estime à 0,8 point de PIB l'impact de ces mesures sur l'activité, Laurence Boone chez Barclays Capital est plus prudente. « Ce plan ne stimulera que de 0,5 point de PIB la croissance en 2009 et de 0,25 point en 2010. Les dépenses d'infrastructures auront certes un effet positif mais à moyen-long terme seulement. On peut s'étonner du peu de place accordé à la stimulation du pouvoir d'achat des ménages. Quant aux mesures sectorielles, elles restent limitées, notamment dans l'automobile. Compte tenu des moyens mis sur la table, c'est-à-dire 220 millions d'euros, la prime à la casse de 1.000 euros dopera les ventes de 200.000 véhicules. » Karine Berger (Euler Hermes Sfac) estime globalement que « les moyens mis en ?uvre sont nettement insuffisants. Sur les 26 milliards, seuls 8 à 10 milliards sont des dépenses réellement nouvelles, le reste, ce sont des dépenses accélérées ». II ? Quel impact pour les finances publiques ? Ce plan de relance devrait aggraver le déficit budgétaire de 18,7 milliards. Les caisses de l'État afficheraient fin 2009 un trou de 76,3 milliards d'euros. Le déficit public se détériorerait de 15,5 milliards en 2009, ce qui le porterait à près de 4 % selon les proches de Nicolas Sarkozy, au lieu des 3,1 %. Cette dégradation brutale serait temporaire : la plupart des mesures annoncées cessant d'avoir un coût à partir de 2011. Mieux, souligne l'entourage du chef de l'État, certaines dispositions consistant à anticiper des dépenses programmées plus tard, elles n'auront pas à être versées en 2011 et 2012. C'est pourquoi le gouvernement soutient que le déficit public sera nettement amélioré ensuite pour revenir à 1 % du PIB en 2012 au lieu de 1,2 %. Une conviction que ne partage pas Mathieu Plane (économiste à l'OFCE). « Pour moi, le déficit public sera de l'ordre de 4,5 % l'an prochain. Avec une croissance qui restera en deçà du potentiel [Ndlr, 2,25 %] dans les années qui viennent, il est illusoire d'espérer ramener le déficit public à 1 % du PIB. » La dette se creusera de 20 milliards d'euros. À ceux qui s'en inquiètent, Nicolas Sarkozy répond : « Nous n'avons pas le choix, ne rien faire nous coûterait bien plus cher. » III ? L'effet sur l'emploi sera-t-il durable ? L'exonération de toutes charges patronales au niveau du Smic, pour l'embauche d'un nouveau salarié dans les entreprises de moins de 10 salariés, « n'est pas une mauvaise chose », estime Éric Heyer (OFCE). La disparition totale des charges patronales au niveau du Smic est « une mesure qui permet d'abaisser le coût du travail. En ce sens c'est efficace pour l'emploi », explique l'économiste. Toutefois, celui-ci met en garde contre « les effets d'aubaine » qu'une telle mesure peut générer auprès des employeurs. De plus, ces derniers peuvent être poussés à embaucher un nouveau salarié dans le seul but de combler un manque ponctuel de main-d'?uvre puis de s'en séparer le « coup de feu » passé. Pour limiter ces effets pervers, « il faudrait que les exonérations ne puissent se faire que pour des contrats fermes, c'est-à-dire à durée indéterminée », insiste Éric Heyer. IV ? Les mesures en faveur du logement sont-elles suffisantes ? Le doublement du prêt à taux zéro pour l'achat d'un logement neuf est une mesure puissante, d'autant qu'il est considéré par les banques comme de l'apport personnel et qu'il s'applique aux primo-accédants. Un PTZ peut atteindre jusqu'à 64.875 euros pour cinq personnes et plus. Le doublement peut donc atteindre jusqu'à 120.000 euros. Au-delà, « on sent que le gouvernement a cherché à irriguer toute la filière bâtiment des particuliers aux bailleurs sociaux », analyse Didier Ridoret, président de la Fédération nationale du bâtiment. Il espère que ce plan redonnera confiance aux Français, la psychologie étant un élément clé en immobilier. V ? La relance par les infrastructures peut-elle avoir un effet rapide sur la croissance ? Ce plan cherche à conforter des grands projets d'infrastructure qui auront des retombées à moyen et long terme, mais aussi à accélérer des projets à impact rapide sur la croissance. Ainsi, des mesures pour accélérer les travaux de génération ferroviaire, inscrits dans les contrats de plan État-région et d'entretien et de modernisation des routes, applicables dès 2009, ont été annoncées. De telles mesures peuvent avoir un impact direct sur l'activité des entreprises de travaux publics. Le remboursement anticipé de TVA aux collectivités locales va permettre à ces dernières de lancer les chantiers qu'elles n'ont pu démarrer. Pour les projets à long terme comme la ligne grande vitesse Tours-Bordeaux, l'État accordera sa garantie, un atout décisif.
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