L'État entre en scène

Le lundi 26 janvier au matin, le patron de l'Écureuil, Bernard Comolet, envoie à Bercy, au Trésor et à l'Élysée une note dans laquelle il prend le contre-pied des Banques Populaires, qui jouent la carte de la fusion a minima. Il leur indique que les « rouges » sont prêts à la fusion complète souhaitée par l'État. Seule condition : que le président du directoire vienne de l'extérieur, façon de marquer leur opposition à Philippe Dupont. Face à ce nouveau désaccord, l'État entre sans ménagement en scène. François Pérol convoque vers 19 heures les deux présidents dans son bureau de l'Élysée. Il a invité pour la circonstance Xavier Musca, directeur du Trésor, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, et Danièle Nouy, secrétaire général de la Commission bancaire. Les deux présidents présentent un schéma de fusion aux antipodes du projet d'origine. Une « coquille vide », sans même Natixis, pour laquelle ils n'hésitent pourtant pas à demander une garantie publique. « Politiquement, l'État ne voulait pas donner de garantie publique car cela aurait donné un mauvais signal sur les banques françaises, qui plaident leur meilleure santé financière en Europe », souligne un proche des Banques Populaires. Surpris, François Pérol exprime d'abord sa colère. Il pose un ultimatum à ces deux dirigeants incapables de s'entendre : le projet devra être ficelé et annoncé dans un mois jour pour jour, le 26 février, date de publication de leurs résultats annuels. François Pérol veut que la fusion aille « vite et loin », Christian Noyer exige que le projet industriel ait un sens pour la place. La course contre la montre commence.Une semaine plus tard, le lundi 2 février, l'Élysée, face aux craintes persistantes des « bleus », demande à la Commission bancaire une nouvelle expertise des risques du Crédit Foncier et ordonne par la même occasion un audit complet de Natixis. L'État, voyant arriver avec angoisse les résultats catastrophiques de l'Écureuil, « prend conscience qu'il risque de devoir intervenir dans le capital du futur groupe », explique un proche du dossier. La semaine suivante, l'Élysée décide que l'aide publique se fera par une entrée au capital à travers des actions ordinaires représentant jusqu'à 20 % du capital. En contrepartie, il se donne le droit de nommer plusieurs administrateurs. Voire le futur patron.26  janvie
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