Les taux de la BCE en terre inconnue

La Banque centrale européenne a franchi le pas : à l'issue de son conseil d'hier, la BCE a abaissé son principal taux directeur au plus bas niveau de son histoire, le ramenant de 2 % à 1,5 %. Face à la gravité de la récession qui s'est abattue sur la zone euro, Jean-Claude Trichet n'a pas exclu de nouvelles détentes du taux de refinancement (refi), adoptant le ton le plus « colombe » qu'on lui ait connu. Les services statistiques de la BCE, qui révélaient hier la mise à jour de leurs prévisions, ont pris la mesure de l'ampleur du changement de cap. Ils prédisent désormais une croissance négative de 2,2 % à 3,2 % en 2009 dans la zone euro, et de ? 0,7 % à + 0,7 % en 2010. époque à laquelle Jean-Claude Trichet, le président de la banque centrale, espère que les assouplissements monétaires (275 points de base depuis octobre) se seront pleinement répercutés. Jean-Claude Trichet n'a-t-il pas dit en anglais hier : « I touch wood » (« Je touche du bois »). Quant à l'inflation, elle ne s'élèverait en moyenne que de 0,4 % cette année et de 1 % en 2010, très largement en dessous du plafond de 2 % que lui assigne la BCE.Les critiques, qui réclament déjà plus, plus vite, font peu de cas du dilemme auquel est confrontée la BCE, qui lui rend la tâche autrement plus difficile que celle qui incombe à la Fed américaine, dont le taux directeur est désormais voisin de zéro, ou de la Banque d'Angleterre, qui a ramené le loyer de l'argent à 0,5 % hier. La BCE est la seule institution fédérale d'une Europe monétaire qui compte seize gouvernements autonomes et dont les pouls économiques ne battent pas à l'unisson, et sa mission est de piloter un taux à taille unique. Un corset d'autant plus inconfortable que les écarts de rendements à 10 ans entre les pays de la zone euro ne cessent de se creuser pour atteindre des niveaux historiquement élevés.1,5% n'est pas un plancherCela n'a pas empêché Jean-Claude Trichet d'annoncer que toutes les options restaient ouvertes pour l'avenir. Sans indiquer de calendrier, le patron de la BCE a indiqué qu'en aucune manière le conseil de la BCE n'estimait que le niveau de 1,5 % pour le taux de refinancement constituait un plancher, même s'il a répété que les taux zéro avaient des inconvénients. Un taux directeur à 1 %, voire en deçà, au printemps n'est donc plus une utopie. Avec une réserve : la banque centrale enserre ses trois taux directeurs dans une fourchette dont elle n'a pas modifié le corridor. De sorte que son taux plancher, le taux des dépôts, ne s'élève plus depuis hier qu'à 0,5 %. « très, très bas »Or, c'est sur ce taux que depuis deux mois s'aligne l'Eonia, le taux au jour le jour du marché monétaire de la zone euro, ce dont M. Trichet s'est d'ailleurs félicité hier. Tout en estimant que c'était « très, très bas ». La BCE pourrait donc être conduite à réduire la marge d'encadrement du refi, comme elle l'avait fait à l'automne, pour empêcher ce taux de tomber à zéro. Elle y serait même contrainte si elle venait à réduire son taux refi en dessous de 1 %.
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