Le chauffage sature le réseau électrique en France

La tension était à son comble hier à Saint-Denis, au centre de dispatching de RTE (Réseau de transport d'électricité), la faiblesse des températures entraînant un nouveau record de consommation dans l'Hexagone. D'ordinaire automatique, la régulation du système de la filiale d'EDF a été placée sous haute surveillance. Il suffit en effet que la tension du réseau, de 400.000 volts au départ des centrales, varie légèrement dans une zone sensible pour que la panne globale guette tout ou partie des 27 millions de sites de consommation du pays. Aspirés par la zone où la demande est la plus forte, les électrons risquent en effet d'en déserter une autre. Faute d'une coupure partielle du réseau, baptisée « recours des recours » dans le jargon des électriciens, c'est le black-out. Pour l'éviter, la fourniture des 91.500 MW consommés par le pays hier à 19 heures était organisée. Producteurs et distributeurs sont en effet fortement incités par le Réseau de transport d'électricité à proposer, la veille, des projections fiables pour la consommation et la production attendue. S'ils produisent plus, ou moins, RTE leur inflige des pénalités sur ses tarifs. « On s'approvisionne à l'avance pour anticiper la consommation, seuls certains achats se font au jour le jour via notre filiale EDF Trading », avançait une porte-parole d'EDF. Le groupe français a dû importer autour de 1.000 MW hier selon RTE, qui fait en revanche le black-out sur les prix. En ces périodes critiques, les tarifs atteignent parfois des niveaux vertigineux, d'autant que deux centrales thermiques de RWE en Allemagne, principal partenaire dans le commerce d'électricité, étaient hors service. Pour modérer le risque de rupture du réseau, RTE a lancé pour la première fois une alerte rouge, en Bretagne puis dans toute la France, demandant aux particuliers de modérer leur consommation entre 17 heures et 19 heures.Car malgré un parc nucléaire de 58 réacteurs qui ont permis au pays d'exporter 83 térawatts en 2007, la France se trouve plus exposée à la coupure de courant que les pays voisins. Non pas à cause du froid, mais de la prédominance du chauffage électrique et de la mauvaise isolation de l'habitat. Une baisse des températures de 1 degré représente ainsi une hausse de consommation de 2.100 MWh, selon un modèle de RTE. Une situation qui met en relief la faible flexibilité du parc électrique français, peu adapté à la demande d'électricité à la fois croissante en raison de nouveaux appareils (écrans LCD, Internet, nouveaux chauffages électriques), et très variable entre l'hiver et l'été. centrales au charbonLes pics de consommation entraînent de surcroît des émissions de CO2 importantes. Selon une note interne de RTE datant de début 2008, le chauffage de pointe génère des émissions de CO2 correspondant à 600 grammes de CO2 par kilowattheure, contre 140 grammes de CO2 en période normale, en raison du recours à de vieilles centrales peu efficaces.« C'est l'illustration de l'échec de la stratégie du tout-nucléaire », considère Mycle Schneider, auteur d'un rapport sur le nucléaire en France remis en décembre au groupe des Verts du Parlement européen. « On a à la fois une surcapacité on période normale, et une sous-capacité en période de pointe qui entraîne nécessairement une augmentation du recours aux énergies fossiles. » Et donc une hausse des émissions de CO2. Si la France est globalement peu émettrice par rapport à des pays comme l'Allemagne ou le Danemark, la situation du parc électrique expose le pays à une hausse tendancielle des émissions. D'autant que les importations d'électricité, principalement d'Allemagne, accentuent l'impact du chauffage électrique français sur le climat, l'Allemagne produisant la majorité de son électricité à partir de charbon. Soit l'énergie fossile la plus chargée en CO2.++BSD ++ NePas supprimer n signature++BSF ++
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