2009 est placée sous le signe des troubles sociaux en Chine

Le régime chinois ne cherche plus à le dissimuler?: l'année 2009 est placée sous le signe de l'agitation sociale. Les premiers signes de nervosité du gouvernement, confronté au ralentissement économique mondial et à la montée du chômage, ont commencé à transparaître ces dernières semaines au fil des discours des plus hauts dignitaires. Hier, la revue officielle « Liaowang xinwen zhoukan » (« Observer d'en haut »), très proche du pouvoir, a conforté ces perspectives troublées. « Sans nul doute, nous entrons actuellement dans une phase de pic des incidents de masse », a écrit ce magazine, utilisant ainsi la rhétorique désignant les mouvements de protestation et les émeutes. Ces dernières semaines déjà, les fermetures d'usines par milliers, notamment dans le Guangdong, ont provoqué des manifestations de salariés mécontents. Le 10 décembre, un manifeste baptisé « Charte 08 » signé au départ par quelques centaines d'intellectuels, de défenseurs de droits de l'homme et de dissidents et appelant à l'instauration de la démocratie en Chine a rappelé que l'espoir d'arracher l'empire du Milieu à l'autoritarisme ne faiblit pas. Et les commémorations douloureuses qui jalonneront 2009 (lire ci-dessous) ne pourront qu'attiser cet espoir.Selon « Observer d'en haut », l'un des principaux foyers de tension s'enracine aujourd'hui dans les milieux étudiants. Avec les jeunes diplômés 2008 qui n'ont pas trouvé un emploi, il y aura cette année plus de sept millions de jeunes en quête d'un travail, a calculé Huang Ho, auteur de l'article de cette revue. À ceux-ci s'ajoute la dizaine de millions de migrants (chiffres officiels) qui ont déjà perdu leur travail depuis les premiers effets du ralentissement économique mondial. L'objectif de Pékin de maintenir vaille que vaille une croissance de 8 %, seuil critique en Chine, ne permettra de créer que huit millions d'emplois pour tout le pays, prévoit Huang Huo. Or le nombre de demandeurs d'emploi dans les villes est évalué chaque année entre quinze et vingt millions.Légère décélérationEn ligne avec les chiffres du gouvernement, le bureau d'analyses de la Banque populaire de Chine a fait savoir hier qu'il s'attendait pour 2009 à une légère décélération du rythme de croissance du PIB par rapport à sa prévision pour 2008 (9,3 %). Ces économistes estiment que pour contrer le risque croissant de déflation, « la clé réside dans l'application de toutes les politiques visant à renforcer la demande intérieure et soutenir la croissance ». Le gouvernement s'est d'ailleurs attelé à cette tâche en annonçant en novembre un plan de relance de 586 milliards de dollars. Toutes les prévisions de croissance chinoises pour 2009 se situent dans une fourchette comprise entre 7,5 % et 8,5 % et cela malgré des signaux conjoncturels alarmistes (les exportations se sont contractées de 2,2 % en novembre). Parmi les banques internationales, c'est le grand écart entre Citigroup ou UBS qui tablent sur une croissance autour de 8 % cette année grâce au plan de relance et à la demande domestique, et d'autres, plus pessimiste, à l'instar de Goldman Sachs ou du Crédit Agricole qui s'attendent, respectivement, à 6 % et 6,5 %, le Crédit Agricole soulignant que « les autorités disposent d'une marge de man?uvre importante avec un déficit budgétaire et une dette publique par rapport au PIB relativement faibles ». On a du mal à croire qu'il y a encore un an, le dragon chinois, abonné à une croissance à deux chiffres, tentait d'éviter la surchauffe.
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