L'État tente d'éviter l'embrasement

Éviter à tout prix le pourrissement du conflit et l'embrasement social. Tirant les leçons de la crise antillaise, le préfet de La Réunion, Pierre-Henry Maccioni, a ouvert hier après-midi les négociations entre l'État, le Collectif contre la vie chère, qui regroupe une quarantaine d'organisations, le patronat, et les présidents des deux assemblées locales. Initialement, ces discussions devaient démarrer lundi, mais l'État veut aller vite et parvenir à un protocole d'accord entre les parties avant le 10 mars, date à laquelle l'île pourrait basculer dans une grève générale reconductible à l'appel des syndicats. 200 euros netÀ l'image de ce qui s'est passé aux Antilles, la préfecture redoute d'éventuels débordements. Dans la soirée de jeudi à vendredi, cinq voitures ont été incendiées dans le quartier sensible du Chaudron où avaient éclaté des émeutes en 1991. Tout au long de la nuit, les pompiers sont intervenus à une trentaine de reprises pour éteindre des feux de poubelles. Dans leur grande ligne, les revendications examinées depuis hier s'apparentent à celles portées par le LKP en Guadeloupe. Le collectif réunionnais exige une hausse de 200 euros net pour les salariés percevant moins de 1,4 Smic, une révision immédiate du prix des hydrocarbures, et un gel des loyers. Afin de déminer le terrain, le préfet a annoncé jeudi une diminution du prix de la bouteille de gaz à partir du 12 mars ainsi qu'une baisse du prix de l'essence au 1er  avril. Mais ces propositions ont été jugées « floues et insuffisantes » par ses interlocuteurs. Le gouvernement s'est aussi engagé à revaloriser les allocations logement, une mesure soufflée par les bailleurs sociaux, hostiles à l'idée d'un blocage des loyers. L'obsession de l'État à trouver rapidement des solutions aux urgences sociales a contraint, hier soir, les acteurs économiques à se découvrir. La Fédération départementale du commerce et de la distribution (FCD) s'est déclarée favorable à une baisse des prix sur 100 produits de première nécessité pour les familles les plus démunies. Mesure rejetée aussitôt par le collectif qui réclame une réduction de 20 % sur 500 produits de consommation courante. Refus du medefLes négociations se poursuivent ce week-end. Dans une île où 52 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, la délicate question des salaires sera au c?ur des débats. À la différence de l'État, prêt à étendre à La Réunion la prime de 100 euros accordée aux salariés antillais, le Medef et les collectivités locales refusent pour l'instant de s'engager publiquement sur des montants.Florent Corée,À Saint-Denis,
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