« On hiérarchise mal les expositions »

Vous venez de publier une étude mesurant les niveaux d'exposition aux radiofréquences. Qu'avez-vous observé ?Grâce à un dosimètre portable, nous avons pu mesurer l'exposition de près de 200 personnes représentatives de la population, en termes d'âge, de métier, d'habitat, pendant vingt-quatre heures dans la région de Besançon. Nous avons été les premiers à pouvoir utiliser ces appareils qui constituent une vraie innovation, car les précédents appareils, très lourds, n'autorisaient pas des mesures individuelles. Il y avait donc un vrai déficit de connaissances scientifiques dans ce domaine.Quelles conclusions tirez-vous de l'exposition aux antennes de téléphonie mobile, qui suscitent beaucoup d'inquiétude ?On ne hiérarchise pas bien les expositions dues aux différents types de radiofréquences. Notre étude porte sur l'exposition passive aux radiofréquences, celle sur laquelle nous n'avons aucune prise (antennes relais et émetteurs). Elle montre que ce sont les émetteurs FM qui constituent la source la plus importante d'exposition. Nous aimons tous écouter une radio musicale avec une bonne qualité acoustique ! Pour leur part, les antennes relais de téléphonie mobile n'émettent pas, et n'exposent donc pas, de façon régulière. Comme pour la circulation automobile, il existe des pics de trafic. Il faut aussi garder à l'esprit que le niveau d'exposition varie de 1 à 100 selon que l'on reçoit un appel téléphonique ou que l'on émet un appel.Dans ce « bain d'ondes » dans lequel nous vivons, les téléphones eux-mêmes sont-ils donc plus en cause ?Nous baignons dans les ondes mais ce n'est pas nouveau ! Les émetteurs radio et télé ont plus de cinquante ans, sans parler des rayons cosmiques ! Nous avons mesuré auprès de notre échantillon l'exposition active à d'autres gammes d'ondes. Sans dévoiler les résultats d'une autre étude à paraître dans quelques mois, je peux dire que l'on constate trois grandes sources d'exposition. En premier lieu, les téléphones portables, ensuite les téléphones sans fil Dect (Digital Enhanced Cordless Telephone) et leur base, enfin les fours à micro-ondes. Mais il s'agit de faibles expositions. Je crois que ce serait une bonne idée de rendre obligatoire le port de l'oreillette, surtout pour les adolescents.Les normes d'exposition sont-elles suffisantes ?Les normes, telles que les 41 volts par mètre pour la téléphonie mobile (GSM), semblent hautes, parce qu'elles se basent sur l'effet thermique des ondes. On suspecte un autre mécanisme d'action mais personne n'a encore réussi à l'identifier. La technologie va toujours trop vite par rapport aux capacités des scientifiques.
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