Un regain d'appétit pour le risque... bien fragile

Les spécialistes des marchés se sont trompés tellement de fois en annonçant la fin de la crise que, en dépit des signes de stabilisation perceptibles ces dernières semaines, ils préfèrent rester prudents. Pourtant, après le G20 et l'assouplissement des règles de « mark to market » par la FASB (l'organisme qui fixe les normes comptables aux États-Unis), les investisseurs ont de toute évidence retrouvé un certain appétit pour le risque. Plusieurs indicateurs en témoignent.L'indice de référence pour mesurer la volatilité des places boursières, le VIX (il donne précisément la volatilité implicite du S&P 500) est retombé vendredi sous les 40 % pour la première fois depuis fin janvier. Cette relative sérénité a permis aux marchés de s'adjuger 3 % aux États-Unis et 4 % en France la semaine dernière. Délaissées, les valeurs refuges ont accusé le coup. Les rendements obligataires à 10 ans (qui évoluent en sens inverse du prix des emprunts d'État) se sont tendus de 25 points de base (1 point de base = 0,01 %) ces deux dernières semaines. Et hier, l'or est tombé à son plus bas niveau depuis fin janvier. Quant aux « spreads intra zone euro » (les écarts de rendements entre la dette des différents pays) qui s'étaient écartés de façon spectaculaire en début d'année, ils tendent maintenant à se resserrer.george Soros pessimisteDe même, sur le marché des changes, le yen et le dollar, traditionnellement favorisées par les investisseurs en temps de crise, cèdent du terrain. Après avoir franchi la barre des 100 yens pour 1 dollar vendredi, la devise japonaise est tombée à son plus bas niveau depuis cinq mois, contre les 16 devises les plus échangées lundi. Quant au dollar, hier, il cédait du terrain face à la livre sterling venue frôler la barre de 1,50 dollar pour la première fois depuis janvier.Autre signe du retour de l'appétit pour le risque, le positionnement des investisseurs évolue. Selon les derniers chiffres publiés par EPFR, depuis quatre semaines, ils ont tendance à sortir des fonds monétaires.Reste à savoir si tous ces signaux annoncent un véritable retournement ou s'il s'agit encore une fois d'un faux départ. « La reprise économique, aussi forte soit-elle, risque de ne pas être durable si le système bancaire n'est pas venu à bout de ses difficultés », préviennent dans une note les stratèges de JP Morgan Asset Management. À cet égard les dernières déclarations de George Soros sont tout sauf encourageantes. Pour le milliardaire, « le système bancaire dans son ensemble est fondamentalement insolvable ». Dès lors, « les résultats pourraient faire l'effet d'une douche froide », prévient John Carey chez Pioneer Investments (lire ci-dessous).
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